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1.256 candidatures pour un 2-pièces, une offre en chute de 37 à 52%, des loyers qui explosent... Le marché de l'immobilier locatif à l'agonie en France

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Selon une étude de PriceHubble qui a comptabilisé les offres locatives estivales, le marché français est plus tendu que jamais et les prix des locations bondissent dans les grandes villes de France.

Une offre de biens à louer qui continue de s'effondrer, une demande qui explose et des loyers qui grimpent en flèche. Rien ne va plus sur le marché de la location immobilière. Le spécialiste de la data immobilière PriceHubble a sorti les données des grandes plateformes d'annonces. Il a observé les trois derniers mois, ceux qui sont traditionnellement les plus actifs sur le marché locatif avec les déménagements avant la rentrée de septembre. Et les chiffres sont effrayants. Dans les plus grandes villes l'offre de logements à louer a carrément été divisée par deux en l'espace de seulement trois ans.

À Nice par exemple, PriceHubble a dénombré 3.186 biens à louer durant l'été, soit une chute de 52% par rapport à l'été 2022. À Paris, c'était 15.811 annonces qui étaient en ligne, soit 47% de moins qu'il y a trois ans. Une chute similaire à Toulouse avec 8.427 annonces cet été. Dans les autres grandes villes étudiantes la baisse du nombre de logements mis à la location par rapport à 2022 est presque tout aussi spectaculaire. Baisse de 40% à Grenoble (3.838 biens), de 38% à Lyon (7.072), de 37% à Marseille (6.252) ainsi qu'à Tours (2.395).

20 dossiers en quelques minutes

Une offre qui s'est réduite à peau de chagrin, le résultat étant un parcours du combattant de plus en plus difficile pour les locataires. Les délais de mise en location n'ont jamais été aussi courts. Les annonces restent en moyenne quatre jours en ligne pour des villes comme Rennes, Bordeaux, Lyon, Montpellier et Strasbourg. Et cinq jours à Aix-en-Provence, Paris et Toulouse.

Avec parfois des biens qui se louent en quelques heures. Chez le gestionnaire Imodirect, ce studio meublé de 33m² à Paris à 1.350 euros charges comprises a reçu 20 dossiers seulement quelques minutes après sa publication. Chez le gestionnaire Beanstock, les petits logements trouvent là aussi preneurs en moins de 24 heures. Et quand l'annonce reste publiée, le nombre de candidatures atteint des niveaux stratosphériques. Un 2 pièces de 34m² à Lille loué 589 euros par mois a reçu 1.256 candidatures en 1 mois.

Les causes de cette pénurie sont connues: moins d'investissements dans la pierre, des ventes de passoires thermiques devenus impropres à la location, un turn-over des locataires au point mort car les locataires en place ne bougent plus faute de pouvoir devenir propriétaires. À cela s'ajoutent les raisons sociologiques et démographiques avec les décohabitations, le départ des enfants, les séparations...

Fatalement, un tel décalage entre une offre réduite et une demande forte se traduit par une explosion des prix des loyers et ce malgré l'encadrement des loyers expérimenté dans certaines grandes villes françaises. Ainsi à Paris, il faut compter en moyenne 970 euros par mois pour un studio (+15% en trois ans) selon PriceHubble, 700 euros à Nice (+15%), 650 euros à Lyon (+11%), 632 euros à Aix-en-Provence (+10%) et 630 euros à Bordeaux (+11%).

Une majorité de locations en meublé

Des hausses qui s'expliquent aussi parce que les propriétaires louent de plus en plus en meublé car les plafonds de loyers sont plus élevés là où y a de l'encadrement et la fiscalité sur ces biens est plus attractive. Le site d'annonces Bien'ici confirme de plus en plus de villes comptent même davantage de meublés que de logements vides. À Paris ça grimpe ainsi à 52% de studios meublés, on est à 53% à Aix-en-Provence, 59% à Strasbourg. La palme revient à Nice avec 61% des annonces de studios qui sont meublés.

Que faire pour sortir de cette impasse? D'abord, renchérir l'offre en redonnant envie aux français d'acheter des biens pour les mettre à la location longue. Redonner un statut fiscalement intéressant pour la location nue longue durée. Elle devait intégrer le Budget 2026 du gouvernement sortant. Charge à celui qui lui succèdera de le conserver. Et enfin, ne pas réduire à peau de chagrin les aides à la rénovation. Les propriétaires de bonne foi qui n'ont pas les moyens de faire les travaux obligatoires vendent en effet en masse, ce qui assèche encore plus le parc locatif.

Marie Coeurderoy (avec Frédéric Bianchi)