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Toulouse: polémique autour d'une école musulmane hors contrat privée de rentrée des classes

L'école Al Badr, située dans le quartier du Mirail à Toulouse, a été fermée le 20 juillet par l'inspection académique.

L'école Al Badr, située dans le quartier du Mirail à Toulouse, a été fermée le 20 juillet par l'inspection académique. - REMY GABALDA / AFP

L'inspection académique a mis en demeure les parents d'élèves de l'école musulmane hors contrat Al Badr de Toulouse de ne plus y scolariser leurs enfants, l'établissement étant accusé de non respect du "droit de l'enfant à l'instruction". Son directeur, l'imam controversé Abdelfattah Rahhaoui, dénonce un "acharnement administratif".

L'école Al Badr, à Toulouse, n'a pas fait sa rentrée cette année. En cause, une lettre datée du 20 juillet envoyée à tous les parents d'élèves de cet établissement musulman hors contrat, allant de la maternelle au CM2 et situé dans le quartier populaire du Mirail. Dans son courrier, l'inspection académique de Haute-Garonne met en demeure les parents de ne plus scolariser leurs enfants dans cette école, sous peine d'être poursuivis et d'encourir une peine de 6 mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende.

"Les inspecteurs ont constaté que cet établissement ne respectait ni le droit de l'enfant à l'instruction", peut-on lire dans la lettre, "ni l'objet de l'instruction obligatoire."

"Carences de l'enseignement"

D'après le courrier, le directeur de l'établissement a été mis en demeure "d'améliorer la situation" avant la fin du premier trimestre de l'année scolaire 2015-2016. Un délai non respecté, estime l'inspection, qui dit avoir prévenu le procureur de la République "des carences de l'enseignement, de l'inaction et de l'absence de réponse du directeur".

Si, techniquement, l'école n'est pas fermée, elle n'a officiellement plus d'élèves, et son directeur, l'imam Abdelfattah Rahhaoui, figure controversée de l'islam à Toulouse, dénonce un "acharnement administratif". Le 30 juillet, avec l’association qui gère l'établissement, il a déposé un recours gracieux auprès de l’inspecteur d’académie contre la mise en demeure adressée aux parents. Conservateur, il est connu pour avoir ouvert dans la ville un lycée musulman et donné des cours de religion à Souad Merah, la soeur de Mohamed Merah, aujourd'hui partie en Syrie.

"Oui, je suis religieux, oui je suis musulman, oui je suis barbu et j'enseigne ma foi, mais cela ne fait pas de moi pour autant un radicalisé. On confond tout dans ce pays", explique-t-il, cité par Le Parisien.

Le soutien du Collectif contre l'islamophobie

Cette affaire, rapportée d'abord par le site Côté Toulouse, puis reprise pas plusieurs médias, fait aujourd'hui l'objet d'une polémique dans laquelle s'affrontent plusieurs camps. D'après Le Parisien, la préfecture de Haute-Garonne botte en touche, répondant que "des investigations sont en cours", tandis que l'inspection académique refuserait toute rencontre avec le directeur. D'après l'antenne régionale de France 3, le rectorat s'abstient quant à lui de tout commentaire sur le sujet.

Sur son site, l'école lance un appel aux dons, et peut compter sur le soutien du Collectif contre l'islamophobie en France, qui estime que l'éducation nationale ne dispose d'"aucun élément à charge" contre l'école.

"Une centaine d’élèves sont aujourd’hui laissés sans aucune solution pour l’année scolaire qui débute", écrit le CCIF dans un communiqué. "Depuis la fondation de cet établissement en 2013, le directeur et son personnel font face à un véritable harcèlement administratif de la part des autorités locales", selon le Collectif.

"Contrôles, gardes à vue et mises en demeure"

D'après Côté Toulouse, un rapport des services de l’inspection académique daté d’avril 2016 sous-entendait que les élèves s'étaient entraînés au tir ("à la visée") lors d’une sortie scolaire au laser game. "Contrôles, gardes à vue, défèrement et mises en demeure… Depuis l’ouverture de l’école en 2013, le nom du directeur d’école revient régulièrement dans les dossiers de l’académie de Toulouse, mais également dans ceux du commissariat", écrit aussi le site. 

"Ce qui est reproché à l’école, c’est de ne pas respecter le socle commun d’éducation", résume l'avocat du directeur de l'école, Me François Benech, à Côté Toulouse.

"Il ne s'agit en aucun cas d'une école clandestine mais d'une école privée hors contrat comme peuvent l'être des écoles juives, catholiques ou protestantes", explique-t-il aussi au Parisien. Au-delà de la polémique, une procédure judiciaire serait donc en cours. Et d'après Le Parisien, le Défenseur des droits devrait être saisi de l'affaire.

C.V.