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Terrorisme

Pour Farid Benyettou, Chérif Kouachi était guidé par "l'ignorance"

Croquis d'audience, réalisé le 20 mars 2008 à Paris, de Farid Benyettou.

Croquis d'audience, réalisé le 20 mars 2008 à Paris, de Farid Benyettou. - Benoit Peyrucq - AFP

Farid Benyettou était présenté comme l'ex-"émir" de la filière des Buttes Chaumont à laquelle appartenaient les frères Kouachi. Il condamne aujourd'hui l'attentat meurtrier commis par ces derniers.

Il était présenté comme le mentor, l'ami, le guide de Chérif Kouachi. Mais au lendemain de son terrible passage à l'acte, Farid Benyettou l'assure, il "n'est absolument pas d'accord avec ce qui s'est passé et le condamne".

Son visage est apparu très vite après l'identification des deux terroristes de Charlie Hebdo. En 2008, Farid Benyettou et Chérif Kouachi ont comparu ensemble devant la justice à Paris. Ils étaient accusés d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste dans le cadre de "la filière des Buttes Chaumont". Condamné à six ans de prison, le jeune homme de 33 ans a depuis été libéré. Il est désormais étudiant dans une école d'infirmiers.

Il se rend de lui même à la DGSI

Farid Benyettou était en stage à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière quand il a appris que son ancien disciple avait, en compagnie de son frère Saïd, décimé le 7 janvier à la kalachnikov la rédaction de l'hebdomadaire satirique, criant avoir "vengé le prophète". Mais "tout cela ne doit pas être attribué à l'islam", estime-t-il dans une interview à iTélé.

"Je veux faire passer ce message: l'islam condamne tout ce qui a été fait. L'assassinat lâche et monstrueux des journalistes, celui des policiers et de membres de la communauté juive. Cela ne doit pas être attribué à l'islam. C'est le pire crime qu'un musulman puisse commettre".

Il explique s'être rendu de lui-même, dès jeudi, à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), où il a été interrogé puis remis en liberté.

Guidé par l'ignorance

Il avait revu Chérif Kouachi il y a deux mois, il "est passé me voir à l'improviste", raconte-t-il: 

"Avec lui, c'était toujours le même sujet de discussion qui revenait, tout ce qui tourne autour du combat. Il était fasciné par ça. Ses connaissances de la religion étaient limitées à ça. Et rien d'autre".

Pour une fois, Farid Benyettou a alors l'impression que Chérif Kouachi accepte la critique, et "rien ne pouvait laisser présager de tels actes", selon lui. Dépité, il croit désormais que:

"Ce qui l'a guidé dans tout ça, ce n'est rien d'autre que l'ignorance".

Au début des années 2000, à peine plus vieux que ses condisciples, plus éloquent et connaissant mieux le Coran, même s'il n'avait suivi aucune formation religieuse véritable, Farid Benyettou avait pris un ascendant spirituel sur les frères Kouachi. Il assure toutefois n'avoir jamais eu l'intention de prendre lui aussi le chemin du jihad. Aujourd'hui, il assume sa reconversion. "Certains pensent que la France opprime les musulmans. Je suis la preuve du contraire", fait-il valoir. "J'ai un casier judiciaire dur à assumer. Sur mon casier, il y a écrit 'terroriste', c'est le pire casier qu'on puisse avoir (...). Malgré ça, on m'ouvre des portes, on ne m'a jamais discriminé", assure le jeune homme.

A. D. avec AFP