À quoi joue Laurent Fabius ?

Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius - -
"Remaniement : Fabius prend Bercy en plus du quai d'Orsay", s'amuse sur son compte Twitter le directeur adjoint de la rédaction de BFM Business Emmanuel Duteil. Après avoir annoncé à la barbe du ministre de l'Économie l'impossibilité pour le gouvernement de respecter l'objectif des 3% de déficit qu'il s'était fixé pour 2013, Laurent Fabius, pourtant ministre des Affaires étrangères, vient de récidiver, mardi matin, en affirmant avant tout le monde que la prévision de croissance allait être revue à la baisse.
Ministre de l'Économie, Laurent Fabius ? Depuis quelques semaines, le numéro 2 du gouvernement multiplie les prises de paroles sur des sujets qui, normalement, ne le concernent pas. Quitte à couper l'herbe sous le pied de ses collègues de Bercy Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac, voire du Premier ministre lui-même.
Excès de zèle ou volonté de court-circuiter Ayrault ?
Deux prises de paroles, deux emballements que ses collègues s'empressent de tempérer, en attendant un recadrage éventuel du chef du gouvernement qui n'arrivera jamais. La première fois pour envisager la possibilité d'un "réexamen" des objectifs, la deuxième fois pour rappeler qu'en matière d'économie, seules les déclarations du ministre de l'Économie comptent. Et s'en tenir au discours officiel.
"Pas de cacophonie", assure Jean-Marc Ayrault. D'ailleurs les récentes déclarations du président de la République donneront finalement raison… au ministre des Affaires étrangères, alors que la Commission européenne n'a pas encore rendu ses prévisions de croissance pour la France et pour chacun des pays de l'Europe.
Excès de zèle ou réelle volonté de Laurent Fabius de court-circuiter l'ensemble du gouvernement ? Certains voudraient croire que les récentes sorties du locataire du quai d'Orsay révèlent un certain relâchement de celui qui, avec plus de trente ans de carrière politique, notamment à Bercy ou à Matignon, est pourtant le plus "capé" des ministres.
Mardi, l'opposition se jetait sur l'occasion pour dénoncer ce qu'elle considère comme de l'"amateurisme", quand elle n'accusait pas carrément Laurent Fabius de se prendre pour le Premier ministre.
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