Pussy Riot: l'étrange disparition de Nadejda Tolokonnikova en Russie

Nadejda Tolokonnikova, l'une des deux Pussy Riot emprisonnées en Russie, a été transférée vers un camp de travail en Sibérie, ces des derniers jours. Son avocate, qui est sans nouvelles d'elle, a annoncé ce jeudi avoir saisi la Cour suprême russe pour demander l'annulation de la peine de la jeune femme.

Nadejda Tolokonnikova fête ses 24 ans ce jeudi. Cette membre des Pussy Riot, ce groupe contestataire russe qui avait notamment chanté une prière anti-Vladimir Poutine dans une cathédrale de Moscou, en février 2012, est emprisonnée en Russie depuis le mois d'août 2012. La jeune femme serait actuellement en cours de transfert vers un camp de travail en Sibérie, après s'être dite menacée de mort dans son ancien centre pénitentiaire, en Mordovie.

Problème: son avocate, comme ses proches, n'ont pas de nouvelles d'elle depuis plusieurs jours. La défense de Nadejda Tolokonnikova a annoncé, ce jeudi, avoir saisi la Cour suprême russe pour demander l'annulation de sa peine.

Transfert vers la Sibérie

Nadejda Tolokonnikova dans une cellule de confinement, le 25 septembre 2013. © -

La jeune femme serait actuellement en cours de transfert vers un autre centre pénitentiaire, en Sibérie. C'est son époux, Piotr Verzilov, qui en a fait l'annonce, sur son compte Twitter, mardi. Le nouveau camp où doit être emprisonnée Nadejda Tolokonnikova "se trouve dans la région de Krasnoïarsk (Sibérie Orientale), dans la localité de Nijni Ingach (...), à 4.400 km de Moscou", a-t-il indiqué.

Cet exil au fond de la Sibérie serait une "punition pour le retentissement de sa lettre" publiée en septembre, dans laquelle la Pussy Riot s'était dite menacée de mort et avait dénoncé des conditions de détention proches de l'esclavage dans le camp de Mordovie, à 600 km à l'est de Moscou, où elle purgeait sa peine, estime son mari. Cette décision de transférer la jeune femme a été prise après qu'elle eut repris une grève de la faim, entamée fin septembre.

Pas de nouvelles

Ce jeudi, Piotr Verzilov a indiqué à la radio Echo de Moscou n'avoir aucune nouvelle de sa femme depuis 19 jours. "Les autorités du camp dans la taïga (de Sibérie) nous ont dit que Tolokonnikova n'est pas là et qu'ils ne savent pas quand elle devait arriver. Dix-neuf jours sans contact avec Nadia (diminutif de Nadejda, ndlr)", a précisé sur Twitter l'époux de la jeune femme, dont ce jeudi marque les 24 ans.

L'avocate de la jeune femme, Irina Khrounova, a indiqué, elle aussi, ignorer où elle se trouve. "Je ne sais pas encore où elle est. Mais la loi russe ne fixe pas de délais pour le transfert des détenus d'une prison à l'autre. Donc, ça peut durer longtemps", a ainsi déclaré Irina Khrounova, qui a indiqué avoir saisi la Cour suprême russe pour demander l'annulation de la peine de Nadejda Tolokonnikova.

"En bonne santé"

De son côté, l'ONG Amnesty International a appelé mercredi les autorités russes à informer "sans délai" la famille de Nadejda Tolokonnikova sur le lieu où elle se trouve, et à lui permettre de s'entretenir avec un avocat.

"Nadejda Tolokonnikova s'est plainte publiquement de menaces proférées par des représentants des autorités carcérales. Nous craignons qu'elle ne soit désormais sanctionnée pour ces propos et pour avoir dénoncé des conditions de détention déplorables", a déclaré Denis Krivocheev, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d'Amnesty International, dans un communiqué.

Le délégué russe pour les droits de l'Homme, Vladimir Loukine, a assuré mardi que Nadejda Tolokonnikova était en bonne santé et accompagnée d'un médecin pendant le transfert vers un nouveau camp. "Elle mange bien et on dit que son état de santé est satisfaisant", a-t-il déclaré.

Adrienne Sigel et avec AFP