Mexique: le maire de Ciudad Juarez en guerre contre le film Sicario

Le maire de cette ville mexicaine, située à la frontière avec les Etats-Unis, dénonce l'image donnée de sa ville par le film Sicario, actuellement à l'affiche.

Il tremble pour la réputation de sa ville. Enrique Serrano, le maire de Ciudad Juarez, une ville située au nord du Mexique, à la frontière avec les Etats-Unis, part en guerre contre le blockbuster Sicario, qu'il accuse de véhiculer une mauvaise image de sa ville. 

Une image du passé

Réalisé par le Canadien Denis Villeneuve, le film, actuellement à l'affiche en France, et qui devrait sortir au Mexique le 11 décembre prochain, se passe en partie à Ciudad Juarez, et raconte l'histoire de l'alliance entre un agent du FBI et un parrain du trafic de drogue de cette région du pays, pour faire tomber le chef d'un cartel. 

Depuis début octobre, Enrique Serrano s'attache à dénoncer l'image désastreuse donnée de sa ville par la superproduction hollywoodienne. Une image de cité régie par le trafic de drogue, la loi des cartels, les exécutions sommaires, et les rafales d'armes à feu, qui appartient selon lui au passé. Cette histoire de Ciudad Juarez "ne vaut pas la peine d'être ramenée au présent", estime-t-il. 

Nombre d'homicides en baisse

Ciudad Juarez, 1,3 million d'habitants, a longtemps été considérée comme la ville la plus violente au monde, et selon le Journal de Montréal, le trafic de drogue y a fait plus de 10.000 morts entre 2008 et 2013, dont 3.000 au cours de la seule année 2013. D'après le maire, cette criminalité a depuis baissé, pour tomber à 538 homicides en 2014, ce qui attesterait selon lui des changements en cours dans la ville, liée la purge effectuée au sein du corps policier, qui était largement corrompu, et par la mise en place de sentences pénales plus dures, rapporte Le Monde. 

"Malheureusement, pour aborder le thème de la lutte contre les cartels de drogue, ils ont utilisé l'image de Ciudad Juarez, qu'ils montrent à un niveau international comme une ville dangereuse, sans loi ni ordre", a regretté Enrique Serrano.

Inquiet des retombées économiques que le film pourrait avoir sur sa ville en pleine mutation, le maire a d'ores et déjà appelé les habitants à boycotter l'oeuvre. Il veut également obtenir l'interdiction du film dans tout l'Etat de Chihuahua, et a menacé de déposer plainte contre le producteur du long-métrage.

A.S.