Une jeune artiste privée de son allocation adulte handicapé débute une grève de la faim

Lucie Carrasco, créatrice de mode atteinte d'amyotrophie spinale, a entamé une grève de la faim - Youtube
C'est un cri de désespoir. Lucie Carrasco, une créatrice de mode atteinte d'amyotrophie spinale, une maladie génétique neuromusculaire dégénérative qui la condamne à vivre en fauteuil roulant, a débuté lundi soir une grève de la faim. Dans une vidéo publiée sur YouTube, la jeune femme âgée de 34 ans lourdement handicapée explique ce qui l'a conduit à cette extrémité: son allocation adulte handicapé versée par la Caisse d'allocations familiales lui a de nouveau été supprimée.
"Je me sens abattue (...). C'est la rentrée et encore une fois, mon seul revenu a été coupé. Je viens de l'apprendre aujourd'hui. Je vais avoir à mes frais tous mes médicaments, tous mes appareillages, je ne vous dis même pas le coût, je ne le sais pas tellement il est énorme (...). J'étais déjà épuisée, ça m'a donné un coup. La situation n'est plus vivable."
"Je tiendrai le temps qu'il faudra"
Lucie Carrasco avait déjà interpellé les médias à la fin de l'année dernière alors que cette allocation ne lui avait déjà plus été versée. Privée de sa seule source de revenus, soit 800 euros par mois, la Lyonnaise s'était adressée à François Hollande à travers une pétition et une vidéo. De nombreuses personnalités lui avaient apporté leur soutien, comme Michèle Laroque, Nikos Aliagas, l'épouse d'Omar Sy et Jérémy Michalak - avec qui elle a effectué un road trip délirant à travers les Etats-Unis, un voyage qui a donné lieu au documentaire Lucie à la conquête de l'Ouest.
"Ça va encore, je bois beaucoup. Mais j'ai peu de réserves", confie à BFMTV.com la frêle jeune femme qui ne pèse que 35 kilos et a raconté son combat pour la vie dans un livre, Plus forte que la maladie. "C'est mon seul moyen pour me faire entendre, mais je tiendrai le temps qu'il faudra. Je ne mangerai pas tant que je n'aurai pas obtenu gain de cause. On me dit que je risque ma vie mais je ne lâcherai pas."
"Je veux vivre dignement"
La jeune femme dénonce les méandres de l'administration qui la privent de ses droits. Car cela fait cinq ans que Lucie Carrasco se bat. Depuis 2012, sa prestation de compensation du handicap, qui lui permettait de financer des auxiliaires de vie indispensables à son quotidien, ne lui est plus versée par la Maison départementale des personnes handicapées.
C'est ainsi son compagnon qui l'aide au quotidien dans tous ses besoins, de la toilette à ceux les plus intimes. "Il faut sacrément s'aimer, l'amour doit être fort pour résister à ça", assure-t-elle à BFMTV.com. "Mais je n'ai pas envie de lui montrer ça de moi."
Dans la vidéo, Lucie Carrasco demande le rétablissement de cette allocation ainsi que de l'aide permettant le financement des auxiliaires de vie. Son objectif: monter sa propre société, elle qui est styliste. "La seule chose que je veux c'est vivre dignement, et travailler", assure-t-elle à BFMTV.com. "Garder la tête haute", comme elle le clame dans la vidéo, pour "ne plus jamais avoir à vivre ce genre de situation, gagner mon propre argent et être fière".
De nombreux internautes lui ont adressé des messages de soutien sur les réseaux sociaux. "Je suis de tout cœur avec toi, sois forte", témoigne une internaute, "courage", lui assure une autre. "C'est une aberration", s'indigne une utilisatrice du réseau social, qui encourage la jeune femme, "une battante". Une pétition adressée à Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la santé, a été mise en ligne afin d'alerter les autorités sur sa situation.
Lucie Carrasco a répondu ce mercredi à ces nombreux messages de soutien, assurant qu'elle avait "faim" mais tenait "le coup".