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Sneakers: les 5 commandements des passionnés de baskets

Certains collectionneurs possèdent plusieurs centaines de paires (photo datant de la Sneakerness 2015)

Certains collectionneurs possèdent plusieurs centaines de paires (photo datant de la Sneakerness 2015) - Jérémy Maccaud - BFMTV.com

Pour la troisième année de suite, la Sneakerness Paris propose de faire découvrir l'univers des passionnés de chaussures de sport aux débutants, tout en proposant un choix impressionnant pour les collectionneurs chevronnés. BFMTV.com vous initie à cet univers.

Le phénomène n'a de cesse de prendre de l'ampleur. Et il est à l'honneur, ce week-end à Paris. Passionnés et collectionneurs de sneakers - chaussures de sport - ont rendez-vous à la Cité de la mode et du design pour la troisième édition de la Sneakerness. Une convention où 80 exposants triés sur le volet vont présenter entre 10.000 et 12.000 paires de baskets, aussi bien à destination des fanatiques, que des novices.

Au fait, à quoi reconnaît-on un véritable passionné? Que faut-il savoir si vous comptez vous lancer? Quelles sont les erreurs à ne pas commettre? BFMTV.com a rencontré Franky Bendahan, l'organisateur de la Sneakerness, et l'un des plus importants collectionneurs français de shoes. L'occasion de découvrir cet univers un peu fou, en cinq étapes.

1. "Addict", ou passionné, tu choisiras

"Quand tu commences à acheter entre 3 et 5 paires par mois, tu peux considérer que tu as un problème", sourit Francky, passionné acharné depuis près de 15 ans. Notre guide d'un jour n'aime pas trop les termes très répandus de Sneakers Addict, ou Sneakerhead, utilisés pour qualifier les collectionneurs de paires de baskets.

"Il y a toujours une connotation négative quand on parle d'addiction, mais il ne faut pas oublier que ce ne sont que des chaussures."

Un fait que certains semblent oublier. "Je connais des personnes qui ne mangent que des pâtes, ou qui s'empêchent de voyager, juste pour pouvoir acheter leurs sneakers", détaille ce Parisien de 34 ans. "Des collectionneurs sont prêts à se battre et mettre une somme importante pour acheter des pompes qu'ils n'aiment pas, simplement parce qu'elles sortent en édition limitée, et qu'il 'faut' les posséder."

La différence entre addict et passionné se révèle alors essentielle, comme dans n'importe quel univers de collectionneurs. "Il faut simplement savoir se faire plaisir", conseille Francky Bendahan, qui déplore "les tensions et la compétition" qui peut se créer entre certains.

2. T'informer, sans te faire influencer, tu devras

Pour se faire plaisir, il faut s'informer. Pour ne pas passer à côté d'une belle paire de baskets, sortie en édition limitée, mieux vaut connaître les dates de mise en vente, et comment se les procurer. Consulter les sites officiels des marques ne suffit pas, en plus d'être une solution peu pratique. Des adresses spécialisées (SneakersAddict.com, Le site de la Sneaker, Highsnobiety, etc) permettent de faire un tour d'horizon des chaussures à venir, tout en indiquant où, et comment, se procurer tel ou tel modèle.

Ces plateformes, au même titre que les blogueurs et autres influenceurs, communiquent également par le biais des réseaux sociaux. Et c'est là qu'il faut savoir se montrer prudent, comme l'explique le patron de la Sneakerness:

  • "Du hard-discount aux entités du luxe, tout le monde se lance dans la basket et la chaussure de sport. Ça ne s'arrête jamais: de nouveaux modèles et de nouvelles variations sont présentés quotidiennement."

S'il est facile et peu coûteux, pour une marque, d'envoyer un paire de chaussures au détenteur d'un compte Instagram doté de plusieurs milliers d'abonnés en l'échange d'une seule photo, il est en revanche très compliqué de pouvoir suivre le rythme pour les consommateurs chevronnés. C'est inspirant, voire trop inspirant. "Les marques savent très bien créer de la désidérabilité", ajoute Francky Bendahan. D'où l'intérêt de savoir cibler exactement ce que l'on cherche.

3. Tes baskets, au bon prix, tu achèteras

Avec un succès qui ne se dément pas, la basket est devenue un produit de grande-consommation, particulièrement scruté par des collectionneurs sur le qui vive, et des receleurs avertis. Autant dire les choses simplement: il est extrêmement rare de faire une "bonne affaire", et de trouver un modèle de valeur, à prix bradé. Si une paire de baskets se retrouve en soldes, c'est tout simplement que personne n'en veut; son prix n'augmentera jamais. Est-ce une raison pour s'en priver, si le modèle vous plaît? Bien sûr que non!

Si vous voulez absolument posséder une paire en particulier, il faut bien avoir à l'esprit que ces chaussures ont une cote. Problème: il n'existe pas d'argus à proprement parlé. Une paire de baskets très recherchée pouvant voir son prix de base être mutliplié à l'envie une fois cette dernière en rupture en stock, autant être sûr de son coup au moment de sortir le porte-feuilles. "Il n'y a malheureusement pas de solution miracle", tempère Francky Bendahan. "Pour se faire une idée, il faut consulter les sites d'enchères en ligne, et voir jusqu'où sont prêts à monter les autres passionnés. Globalement, le meilleur prix, c'est celui que l'on est prêt à mettre", affirme-t-il.

  • Ne vous étonnez donc pas si vous voyez certaines paires proposées à plus de 1.000 euros, elles trouveront preneurs.

4. De la place (beaucoup), il te faudra

Ranger des chaussures, ce n'est jamais une partie de plaisir. Quand on les collectionne, c'est encore pire. Francky Bendahan en sait quelque chose: au plus fort de sa collection, il en a possédé près de 4.000. Un chiffre aujourd'hui redescendu à environ 1.400 paires, dont la valeur est estimée entre 150.000 et 200.000 euros. Soit la valeur d'un petit studio parisien.

Pour pouvoir conserver tout ça, une simple pièce en plus ne fait pas l'affaire. En plus des pompes qui traînent "chez les parents, chez l'ex petite-amie, au bureau..." notre collectionneur a dû investir dans une unité de stockage à part entière.

  • Pour les cas moins extrêmes, et qui seraient tentés de jeter les boîtes de leurs sneakers, l'erreur est double: au même titre qu'une figurine ou une petite voiture de collection, "le carton en bon état peut constituer à lui seul jusqu'à 30% de la valeur du lot", précise le trentenaire. Quant au point de vue rangement, il est bien plus simple d'empiler les boîtes à chaussures, que les baskets en elles-mêmes, le gain de place pouvant vite se montrer limité. Si ce n'est nul.

5. Un langage spécifique, tu maîtriseras

À défaut de l'employer, un Sneaker Addict se doit de maîtriser un certain lexique, surtout s'il fait usage des réseaux sociaux. Ainsi, s'il souhaite partager sa dernière acquisition, le passionné pourra invoquer sa #LPU, pour Last Pick Up. Libre à lui de préciser dans quel état il a acheté ses baskets, Deadstock qualifiant des chaussures neuves, Near Deadstock des modèles déjà portés, mais en très bon état.

Quand il s'informe sur une sortie à venir, le Sneakerhead doit différencier les General Release, qui concernent les paires de baskets destinées à la vente dans toutes les boutiques, des Special Make Up, créées pour un événement ou un magasin en particulier.

Dans ce dernier cas, et pour obtenir à coup sûr la paire de chaussures tant convoitée, le collectionneur devra peut-être s'adonner au Camp out, acte consistant à faire la queue de longues heures devant une boutique avant une mise en vente. Ou au Hook Up, qui consiste à payer quelqu'un pour qu'il fasse un camp out à sa propre place. Une fois le précieux objet en main, ses homologues pourront alors le féliciter en le gratifiant d'un Good Cop, synonyme de "bon achat".

Bonus: à la Sneakerness, tu te rendras

Pour sa troisième édition parisienne, la Sneakerness - née à Zurich (Suisse) en 2008 - investit la Cité de la mode et du Design, sur les docks à Paris. Un lieu hautement symbolique, qui prouve l'importance que prend la basket dans le milieu de la mode, et dont se félicite son organisateur.

Pour les débutants, plusieurs marques bien connues seront représentées afin d'offrir des chaussures aux prix normaux du marché. Les plus connaisseurs pourront chiner des modèles plus rares et plus précieux, ou même d'en échanger avec d'autres passionnés.

Comme pour chaque édition, deux chaussures en édition limitée seront vendues juste pour l'occasion. Ces deux modèles, mis au point par Francky Bendahan, ont été créés le 14 novembre 2015, soit au lendemain des attentats de Paris et Saint-Denis. Fortement inspirées par les événements, elles se veulent être un hommage "à la France et à Paris".

Pour s'y rendre, Les Docks, 34, Quai d'Austerlitz, 75013 Paris. De 12 à 19 heures ce samedi 10 septembre, et de 12 à 18 le dimanche 11 septembre.

Pour aller plus loin: Sneakers, par Ugly Mely et Brice Agnelli (Editions du Chêne)

https://twitter.com/jmaccaud Jérémy Maccaud Chef d'édition BFMTV