"Si possible pas juif": plainte après une offre d'emploi au caractère antisémite

"Si possible, pas juif(ve)", indiquait l'annonce de l'agence NSL Studio sur la plateforme Graphic-Jobs. L'offre d'emploi a été supprimée lundi. - Capture d'écran - montage BFMTV.com
Une annonce classique... jusqu'à cette ligne. "Si possible pas juif(ve)": le critère figurait parmi une liste d'autres exigences sur une offre d'emploi pour un poste d'infographiste en CDI dans une agence parisienne, relayée sur le site Graphic-Jobs, lundi.
"Rigoureux, motivé, si possible pas juif"
Cette ligne clairement antisémite, qui apparaissait au milieu des compétences classiques requises pour ce genre de poste, telles que "vous êtes une personne rigoureuse" ou "vous êtes motivé", a été rapidement repérée et dénoncée par les internautes, avant que l'annonce ne soit supprimée par la plateforme, après être "restée en ligne pendant 30-35 minutes" lundi, a assuré Graphic-Jobs auprès des Inrocks.
La plateforme a rapidement publié des excuses sur son compte Twitter, assurant qu'il s'agissait d'une erreur de modération.
"Ce n'était pas du tout discriminatoire"
De son côté, NSL Studio, l'agence à l'origine de l'annonce, basée dans le 19e arrondissement de Paris, a dans un premier temps affirmé aux Inrocks avoir "mis ça par rapport aux horaires". Et d'avancer cette argumentation bancale: "On est un studio qui ne compte pas ses heures et qui travaille parfois dans des moments de rush. Donc on voulait quelqu'un qui ne tienne pas compte de ces soucis culturels ou religieux", avant d'assurer que "ce n'était pas du tout discriminatoire".
Mais plus tard dans la journée, l'agence s'est fendue d'un tweet explicatif, allant dans un sens complètement différent. "Bonjour, il s'agit d'un hack de notre annonce, nous ne posterions jamais ce genre de message discriminatoire, merci de faire tourner l'info", peut-on y lire.
Un post sur Facebook a suivi dans la soirée, dans lequel NSL Studio indique "se désolidariser totalement de tout acte ou écrits racistes et antisémites", et explique que "la personne en charge de l'annonce va être entendue, une enquête diligentée et des dispositions nécessaires prises s'il s'avère que cela provient bien de chez nous".
SOS Racisme et la Licra portent plainte
Dans la soirée de lundi, l'association SOS Racisme a indiqué sur Twitter avoir déposé une plainte auprès du procureur de la République après la publication de cette annonce. "Ce qui me semble extrêmement grave dans cette affaire, c'est l'essentialisation des individus, c'est-à-dire que l'on réduit les individus à une caractéristique, en l'occurrence une caractéristique religieuse", a dénoncé Alexandre-M Braun, avocat de SOS Racisme, sur BFMTV.
"La manifestation ouverte et assumée d'une discrimination à l'embauche, c'est quelque chose d'assez rare. Malheureusement cela nous semble assez révélateur d'une libération de parole raciste et antisémite en France. Nous avons porté plainte auprès du procureur de la République. L'employeur ne sera probablement pas condamné à de la prison, mais ce qui est important, dans un dossier comme celui-là, c'est que le droit soit dit, et que la justice fixe les limites de ce que l'on peut et de ce que l'on ne peut pas faire", a-t-il ajouté.