Prison avec sursis requise contre l'extrémiste norvégien Kristian Vikernes

Vikernes à son procès le 17 octobre 2013. - -
Soupçonné l'été dernier de projet terroriste avant d'être laissé libre sans charges, le Norvégien d'extrême droite Kristian Vikernes a comparu mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour provocation à la haine et apologie de crimes de guerre pour des billets sur son blog. Une peine de prison avec sursis de six mois à quatre ans a été requise contre lui, ainsi qu'une amende d'un minimum de 5.000 euros.
Il a d'emblée contesté être l'auteur des écrits qui lui valent aujourd'hui ces poursuites et invoque de mauvaises retranscriptions de ses déclarations à la police. "Je ne reconnais pas ce qui figure dans la convocation comme des choses que j'ai écrites", a déclaré devant le tribunal correctionnel de Paris Vikernes, 41 ans, surnommé Varg ("loup" en norvégien).
Vikernes pris à son propre jeu sur le "professionnalisme de la justice française"
Lui sont reprochés au total dix extraits, parfois longs, d'articles publiés entre mars et juin 2013, parfois virulents envers les juifs et les musulmans.
Cheveux ras et barbe grise, vêtu d'un sweat-shirt à capuche vert kaki, Vikernes a expliqué que lors de sa garde à vue, l'interprète était danois et non norvégien. Pourtant, lui a fait observer le président Marc Baily, il s'était félicité sur son blog, après sa garde à vue, du "professionnalisme de la police française par rapport à la police norvégienne" et de ce que sa pensée n'avait été "travestie à aucun moment".
Mais ce qu'il disait à cet égard "concernait uniquement l'affaire de terrorisme", a plaidé Vikernes à la barre, par l'intermédiaire d'une interprète en norvégien. Pour sa défense, Il a encore affirmé que selon la police secrète norvégienne, "rien que sur Facebook, il y a 350 personnes qui prétendent être Varg Vikernes" et que "n'importe qui peut très facilement fabriquer un blog" qui a l'air d'être le sien.
Il "devrait se dépêcher de déposer plainte pour usurpation d'identité", a relevé malicieusement la procureure, Annabelle Philippe.
Surveillé depuis des années par l'antiterrorisme
Vikernes avait été interpellé le 16 juillet 2013, dans le cadre d'une enquête du renseignement intérieur, avec son épouse française à leur domicile de Salon-la-Tour, en Corrèze, sur des soupçons de visées terroristes.
Il avait finalement été libéré après 48 heures de garde à vue, qui n'ont mis en évidence ni cible ni préparation de projet terroriste identifié. "La police a basé son arrestation sur des preuves qui ont été fabriquées", affirme Vikernes.
Le Norvégien faisait depuis plusieurs années l'objet d'une surveillance et la section antiterroriste du parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire à la suite de l'acquisition d'armes, légale, par sa femme.
Par le passé, Vikernes, s'était rendu célèbre dans son pays comme musicien de black metal, pour ses opinions d'extrême droite et le meurtre sauvage d'un rival artistique pour lequel il avait été condamné à 21 ans de prison, la peine maximale en Norvège. Libre depuis 2009, Kristian Vikernes s'est établi en France en 2010.