BFMTV
Société
Alerte info

Notre-Dame-des-Landes: début de l'évacuation dans la ZAD 

Des gendarmes bloquent l'accès à Notre-Dame-des-Landes le 8 avril

Des gendarmes bloquent l'accès à Notre-Dame-des-Landes le 8 avril - Fred TANNEAU / AFP

Les forces de l'ordre ont entamé tôt lundi matin leur opération visant à évacuer une partie de la "zone à défendre" (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes.

L'opération d'expulsion des occupants illégaux de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes a débuté lundi matin, à 6 heures, près de trois mois après l'abandon du projet d'aéroport, a annoncé le ministère de l'Intérieur.

"À partir de 6 heures ce matin, sous l'autorité de la préfète de Loire-Atlantique, la gendarmerie nationale débutera une opération d'expulsion des occupants illégaux des terrains de la zone de Notre-Dame-des-Landes", avait annoncé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

"L'opération débutée ce matin vient mettre à exécution des décisions de justice pour procéder à l'expulsion des occupants les plus radicaux", selon un communiqué de la place Beauvau. "Il s'agit de mettre fin à la zone de non-droit", a ajouté le ministre Gérard Collomb dans un tweet.

Environ 2.500 gendarmes sont mobilisés sur plusieurs jours face à quelque 250 "zadistes" dans cette zone de la région nantaise. Dès 3 heures du matin, la gendarmerie avait procédé à des opérations de maintien de l'ordre sur la "route des chicanes" où des barricades ont été incendiées, ont constaté des journalistes AFP. 

Cette opération de grande ampleur, prévue sur plusieurs jours, prévoit d'expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation, en déclarant par exemple de nouveaux projets agricoles individuels, et à démanteler certains des 97 squats recensés par les autorités.

S'inscrire "dans le cadre de la légalité"

"Les occupants illégaux avaient été invités à partir d'eux-mêmes d'ici la fin de la trêve hivernale (31 mars, ndlr). Certains ont accepté le dialogue avec la préfète, portent un projet agricole dans la légalité et régularisent leur situation: ils ont alors le soutien du gouvernement", a expliqué le ministère de l'Intérieur. 

"Tous ceux qui ne s'inscrivent pas dans le cadre de la légalité devront quitter les terrains rapidement", avait affirmé dimanche le Premier ministre, Edouard Philippe, dans une interview au Parisien.

Une "résistance physique et déterminée"

Face à ce qu'ils appellent un "ouragan gouvernemental", les occupants de la ZAD ont prévenu qu'ils mèneraient une "résistance physique et déterminée". Des appels aux renforts ont été lancés ces derniers jours pour monter des barricades, organiser le ravitaillement en soins et en nourriture, une "force hybride" revendiquée par le mouvement d'occupation. Des pneus et divers obstacles avaient déjà été placés dimanche soir en divers lieux, en amont de l'arrivée des gendarmes mobiles. 

Les occupants de la ZAD ont appelé leurs soutiens à converger sur la "zone à défendre" dès 4 heures du matin, pour rejoindre ensuite les points de blocages. Des agriculteurs seront également "sur place avec des tracteurs", a indiqué Vincent Delabouglise, membre de Copain 44, collectif d'organisations agricoles. "Le gouvernement vient mettre le feu sur un territoire où les choses commençaient à s'apaiser", a-t-il déploré, disant "craindre le pire".

Privilégier le dialogue

De son côté, l'Acipa, la principale association d'opposants à l'ex-projet d'aéroport, a appelé l'État "à ne pas enclencher le processus des expulsions et de la violence" et à privilégier "le dialogue". Dans le communiqué, Gérard Collomb, qui s'exprimera à 7h15 sur Europe 1, a salué "le travail de préparation mené par les gendarmes, en lien avec la préfecture de Loire-Atlantique, les autorités judiciaires et l'ensemble des acteurs mobilisés". 

La "ZAD" de Notre-Dame-des-Landes, acronyme pour "zone d'aménagement différé" transformé par ses occupants en "zone à défendre", est un site de 1.650 hectares dans le bocage nantais à la biodiversité riche, préservé depuis cinquante ans de l'intensification agricole du fait du projet d'aéroport, abandonné le 17 janvier.

M.P avec AFP