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Police-Justice

Nanterre: le recteur de la mosquée jugé pour détournement de fonds

Le tribunal correctionnel de Nanterre, le 2 février 2004.

Le tribunal correctionnel de Nanterre, le 2 février 2004. - -

Le recteur comparaîtra avec huit autres personnes devant le tribunal correctionnel de la ville, de mercredi à vendredi. Ils sont jugés pour le détournement de centaines de milliers d'euros destinés à la construction d'une nouvelle mosquée.

Le recteur de la mosquée de Nanterre, Mohamed Boudjedi, encourt jusqu'à cinq ans de prison dans cette affaire. Jugé pour avoir détourné des centaines de milliers d'euros destinés à la création d'une mosquée, il comparaît avec huit autres personnes entre mercredi et vendredi, devant le tribunal correctionnel de la ville, préfecture des Hauts-de-Seine.

Les prévenus sont poursuivis pour abus de confiance ou abus de biens sociaux, et encourent jusqu'à cinq années d'emprisonnement. Parmi eux se trouvent également trois responsables de Novolis - la société chargée des travaux de la mosquée - et plusieurs de leurs proches, ainsi que le président de la coordination islamique des Hauts-de Seine, maître d'oeuvre du chantier.

Le recteur et ces huit autres personnes sont soupçonnés d'avoir détourné une partie de l'argent versé par les fidèles et par l'établissement public d'aménagement de la Défense Seine Arche (Epadesa), à l'Association islamique des religieux de Nanterre en vue de l'édification du lieu de culte.

Transfert de dons sur des comptes offshore

Les fidèles ont versé plus de 200.000 euros pour ce projet. L'Epadesa s'est quant à lui engagé à verser un million d'euros, négociant en contrepartie la cession du terrain où se trouve l'actuelle mosquée. L'établissement public voulait y construire des logements sociaux et un supermarché.

Dès le début des travaux, à l'automne 2009, l'Epadesa débloque une première tranche de 250.000 euros. Une partie de ces sommes s'évapore du compte de l'association islamique des religieux de Nanterre, et est transférée sur des comptes offshore. L'un d'entre eux se situe à Chypre.

Le chantier est rapidement interrompu, la société Novolis ayant cessé de payer ouvriers et fournisseurs. L'entreprise est placée au printemps 2010 en liquidation judiciaire. L'Epadesa fait alors un signalement au procureur et une enquête est ouverte.

Le recteur déjà condamné en 2012

"Mon client est un bouc émissaire. Si l'argent a été dilapidé, c'est par les responsables de Novolis", a réagi l'avocate du recteur de la mosquée, Leila Houmel.

Mohamed Boudjedi est déjà connu de la justice pour une affaire similaire à celle-ci. En 2012, il a été condamné à 18 mois de prison dont six fermes pour abus de confiance, après avoir détourné plus de 20.000 euros de dons de fidèles.

Son conseil va plaider à l'audience "la nullité de l'enquête préliminaire". "Beaucoup de personnes ne sont pas citées dans cette procédure et personne n'a expertisé la valeur des travaux déjà effectués pour la mosquée", estime Me Houmel.

L'avocat de l'Epadesa n'a pas souhaité s'exprimer avant l'ouverture des débats.

V.P. avec AFP