Les injures sexistes sont en hausse

Une femme à La Défense le 11 septembre 2012 (photo d'illustration). - MARTIN BUREAU / AFP
En 2016, une personne sur 10 déclare avoir été injuriée, et 3 personnes sur 100 ont été visées par des injures considérées comme sexistes. C'est ce qui ressort d'une étude publiée ce mercredi par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales.
Depuis 2010, d'après ce document consulté par BFMTV.com, les injures sexistes connaissent une augmentation significative et presque continue, alors que le nombre d'injures global est stable sur la même période et avoisine les 5 millions en 2016. Pour expliquer cette hausse, l'ONDRP met en avant deux interprétations possibles: le nombre de comportements injurieux et sexistes a effectivement augmenté, ou alors les victimes interprètent comme injures sexistes des comportements qui étaient auparavant banalisés, non déclarés comme tels.
Les femmes jeunes surreprésentées
Parmi les personnes victimes de ce type d'injures en particulier, les femmes sont surexposées: elles représentent 9 victimes sur 10, alors que si l'on prend en compte les injures en général, elles ne représentent que la moitié des victimes. Et cette proposition varie fortement en fonction de l'âge. La moitié des victimes d'injures sexistes ont ainsi moins de 35 ans.

Quant aux auteurs, il s'agit à 86% d'hommes, et dans 70% des cas ils ne connaissent pas la personne qu'ils insultent. A 94% les injures sont faites en face à face, à 60% dans un espace public, dont près de la moitié (49%) dans la rue et 8% dans les transports en commun. Dans 39% des cas, les injures portent sur l'apparence physique de la victime.
Quatre configurations identifiées
A partir de ces constats, l'ONDRP a par ailleurs établi une typologie de ces injures. Quatre catégories distinctes ont été identifiées, liées chacune à un lieu en particulier.
Dans la rue, les injures sont principalement animalisantes et sexualisantes, renvoyant l'image des femmes - en particulier jeunes - comme "faciles". Elles représentent 28% des injures verbales. Dans le cadre professionnel (47% des injures verbales), c'est l'image de la mère envahissante qui est convoquée, et les injures visent à réduire les victimes au silence, mais aussi à les invisibiliser. Dans ce domaine, ce type d'injures touche en particulier les femmes occupant une position sociale élevée.


Les hommes renvoyés à leurs origines ou à la virilité
Dans le cadre du foyer (14% des injures verbales), les injures ciblent davantage l'âge de la victime et son caractère prétendument "irrationnel". L'étude parle ainsi de l'archétype de la "vieille sorcière", la terminologie employée étant alors avilissante.
Enfin, la quatrième configuration concerne les injures proférées envers les homme (11% des injures verbales). Dans ce cas, il y a souvent invocation de la couleur de peau et de l'origine de la victime, mais aussi des normes traditionnelles de virilité. Les hommes victimes de ces violences verbales sont alors présentés comme soi-disant "déviants" par rapport à ces normes.

