Pénurie de carburant: "on m'a siphonné mon réservoir dans la nuit"

En un mot, c'est la galère. A Paris comme en province, de jour comme de nuit, il est de plus en plus difficile de se ravitailler en carburant. Plus d'un quart des stations-services sont désormais en rupture totale ou partielle sur l'ensemble du territoire. Au cœur de la capitale, beaucoup passent un temps fou à trouver une pompe disponible. Dès 5h30 du matin, les files d'attente commençaient à se former. Une heure plus tard, le temps d'attente estimé oscillait entre 45 minutes et une heure.
"Je suis parti de chez moi à 5h, j'ai fait cinq ou six stations en rupture avant de tomber par hasard sur celle-ci", s'exaspère un automobiliste.
De plus en plus de stations connaissent des difficultés en approvisionnement. Mais l'anticipation de certains automobilistes accélère également cet épisode de pénurie. Par crainte de se retrouver à sec, des usagers rajoutent chaque jour quelques litres dans leur réservoir.
Les villages encore plus isolés
A Ganges dans l'Hérault, toutes les stations du village sont désormais fermées. Sauf qu'ici, pour le moindre déplacement, la voiture est nécessaire. Le commerce local tourne alors au ralenti.
"J'ai dû faire 45 kilomètres pour faire le plein", déplore un habitant. Tel est le sacrifice pour s'assurer un réservoir rempli. Le risque de trouver porte close et de gâcher la précieuse ressource reste néanmoins élevé.
En banlieue nantaise, au Thouaré-sur-Loire, l'usage intempestif des pompes a causé un incident technique dans une station-service de supermarché.
"Nous avons malheureusement dû fermer la station mardi soir car les machines ont surchauffé en fonctionnant 24 heures sur 24", déplorait au micro de BFMTV Jérôme Bouré, le PDG d'un Super U.
"Pour éviter tout problème, y compris celui de la circulation impactée par les files d'attente, nous allons ouvrir uniquement la nuit." De 9 heures à 19 heures, cette station-service fermera donc ses portes.
"On m'a siphonné mon réservoir"
Plus au sud, à Marignane, près de Marseille, Jean-Vincent a commencé sa journée par une mauvaise surprise. Chanceux la veille, "on m'a siphonné mon réservoir dans la nuit", témoigne au micro de BFMTV ce jardinier à son compte.
Une carte, réalisée par Essence et non exhaustive, tente de rapporter en temps réel l'évolution de la pénurie en listant les stations-services ouvertes et fermées.
En l'espace de deux jours, cette carte s'est nettement teintée d'orange. Et la situation ne risque pas de s'améliorer car les huit raffineries du pays poursuivent le mouvement de grève. En attendant le retour à la normale, les moyens du bord ont été déployés et les stocks des réserves stratégiques sont entamés depuis deux jours.