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Société

Homme jeune, de couleur et à capuche : souriez, vous êtes contrôlés

Paris, boulevard Beaumarchais, mars 2006

Paris, boulevard Beaumarchais, mars 2006 - -

Outre la couleur de peau, plusieurs facteurs liés au sexe, à l'âge et à la tenue vestimentaire renforcent le risque d'être soumis à une vérification d'identité, selon une étude publiée jeudi.

Outre la couleur de la peau, plusieurs facteurs liés au sexe, à l'âge et à la tenue vestimentaire renforcent ou amoindrissent le risque d'être soumis à une vérification d'identité, affirme une étude présentée jeudi.

Premier critère de contrôle : la couleur de la peau. D'après une enquête de l'Open Society Justice Initiative et du CNRS, menée en 2009 dans cinq lieux parisiens, un Noir a de 3 à 11 fois plus de chances d'être contrôlé par la police qu'un Blanc, et un Maghrébin de 2 à 15 fois plus.

Mais "quand on parle d'apparence, il ne faut pas se contenter de l'origine supposée. Il y a des facteurs protecteurs et des facteurs aggravants", a précisé jeudi jeudi René Lévy, du Centre de recherches sociologiques sur le Droit et les institutions pénales (Cesdip).

Être une femme, meilleure protection contre les contrôles

Reprenant les données de l'enquête précédente, le chercheur les a affinées en étudiant l'impact d'autres variables : le sexe, l'âge, la tenue et le port d'un sac.

Ains, le fait d'être une femme est la meilleure protection contre les contrôles. Ce facteur est même plus important que la couleur de la peau.

Sans surprise, les jeunes, ayant l'air d'avoir moins de 30 ans, sont pour leur part davantage visés. Et cela va souvent de pair avec un style vestimentaire caractéristique (capuche, pantalon bas, etc.). Du coup, un jeune Blanc ainsi vêtu retombe à un même niveau de risque qu'un Noir habillé en tenue correcte, note René Lévy.

Ne pas porter de sac augmente le risque

Plus étonnant, selon lui, l'absence de sac augmente le risque d'être contrôlé. "Pourtant, à cause de vigipirate, on pensait que les gros sacs augmenteraient le risque."

Ces précisions ne changent pas le fond du débat, a estimé le chercheur, qui défend l'expérimentation de récépissés remis aux personnes contrôlées. Selon lui, "comme ça crée un travail supplémentaire pour les agents, il y aurait de fait moins de contrôles au faciès".

Lors de la campagne électorale, François Hollande avait promis de lutter contre les contrôles au faciès qui crispent les relations entre les jeunes des quartiers sensibles et les forces de l'ordre. Mais l'idée d'un récépissé, défendue par les associations, avait été enterrée à la suite des réserves émises par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls.