Benyettou, "l'émir" lié aux frères Kouachi, en stage dans un hôpital parisien

Croquis d'audience, réalisé le 20 mars 2008 à Paris, de Farid Benyettou. - Benoit Peyrucq - AFP
Farid Benyettou, l'ancien "émir" de la filière jihadiste des Buttes-Chaumont, lié aux frères Kouachi, effectuait jusqu'à très récemment un stage infirmier à la Pitié Salpêtrière. Il aurait débuté son stage au début du mois de décembre.
Il a été retiré "du planning du service où il terminait son dernier stage", a indiqué dimanche l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, confirmant une information du Parisien. Le quotidien rappelle par ailleurs que la Pitié-Salpétrière est "un des principaux centres hospitaliers ayant accueilli les victimes de la fusillade de Charlie Hebdo".
"La situation de cet élève infirmier est régulière et elle est connue, depuis le début de sa scolarité, tant par la direction de l'école où il est scolarisé que des services de police", a précisé l'AP-HP.
Benyettou a été enlevé du planning
Farid Benyettou est souvent présenté comme celui qui enseignait une idéologie radicale aux membres de la filière des Buttes Chaumont, dans le 19e arrondissement de Paris. Il a été condamné à six ans de prison en 2008, avec Chérif Kouachi, pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".
"Sorti de prison en 2001, Farid Benyettou s'est inscrit l'année suivante à une formation au sein de l'Institut de formation des soins infirmiers", raconte Le Parisien.
Toujours d'après les informations du quotidien qui cite le planning de service, Farid Benyettou ne travaillait pas mercredi et jeudi. "Les événements dramatiques de cette semaine nous ont conduit à prendre l'initiative, en liaison avec les autorités de police, de ne pas le maintenir dans le planning du service où il terminait son dernier stage, cette période n'étant pas indispensable à la validation de sa formation, pour laquelle il sera soumis à l'évaluation de droit commun comme les autres élèves infirmiers", a-t-on ajouté.
Selon l'AP-HP, "une condamnation portée sur le casier judiciaire interdit d'être recruté sur un emploi public, mais sans interdire de passer le diplôme, qui peut être valorisé dans d'autres lieux d'exercice que les établissements publics". D'après Le Parisien, Farid Benyettou n'avait pas produit son casier judiciaire lors de son entrée en formation.
Au service des urgences depuis décembre
Dans son édition de dimanche, Le Parisien affirme que Farid Benyettou était au service des urgences de la Pitié Salpêtrière depuis décembre. Mais "pour être infirmier, il faut être inscrit à l'ordre des infirmiers", rappelle Karim Maneri, membre du conseil national de l'ordre des infirmiers. Or, le conseil décide de l'inscription ou non "en fonction de l'obtention du diplôme, de la moralité et de la probité du candidat", ajoute Karim Maneri, pour qui "au vu du passé de Farid Benyettou", c'est "impossible qu'il puisse exercer ce métier en France un jour".
"Ca devrait même être impossible qu'il (Farid Benyettou, ndlr) puisse s'engager dans une école d'infirmier", estime Karim Maneri.
Le conseil national de l'ordre des infirmiers coordonne les conseils départementaux qui donnent les autorisations finales pour être inscrit ou non à l'ordre.
Cherif Kouachi, tué vendredi par les forces de police après l'attentat contre Charlie Hebdo, avait fait partie de "la filière des Buttes-Chaumont", qui sous l'autorité de Farid Benyettou, visait à envoyer des jihadistes en Irak dans les rangs de la branche irakienne d'Al-Qaïda.