Explosion des candidatures pour le concours de la police

Un officier de police devant le Bataclan, le 25 novembre 2015. - Kenzo Tribouillard - AFP
Afflux record de candidatures pour rejoindre les rangs de la police. Selon Le Figaro mardi, 35.464 personnes se sont inscrites, entre la fin décembre et la fin janvier - date butoir pour la remise des dossiers - au concours exceptionnel organisé à partir du 10 mars prochain pour recruter 2.801 gardiens de la paix. "Du jamais-vu", selon le ministère de l'Intérieur.
D'après le quotidien, cela représente une hausse de 50% du nombre de prétendants par rapport au concours de septembre 2014 -le dernier avant la série d'attentats qui ont frappé la France en janvier et en novembre 2015- qui en avait déjà enregistré pas moins de 23.410.
Après les attaques du 13 novembre à Paris et en Seine-Saint-Denis (130 morts), l'exécutif avait annoncé un net renforcement des effectifs des forces de l'ordre avec le recrutement exceptionnel de 5.000 policiers et gendarmes. Plus de 4.600 élèves sortiront désormais chaque année, en 2016 et en 2017, des écoles de police indiquait mi-février le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Soit presque dix fois plus qu'en 2012.
Rude concurrence
Mais la concurrence sera rude: avec l'explosion du nombre de candidatures, le taux de sélectivité, à 8%, avoisine celui des concours d'officiers, de commissaires, ou de certaines grandes écoles...
Cette plus grande attractivité serait clairement liée à l'actualité sanglante des ces derniers mois. Depuis novembre, la fréquentation du compte Twitter de la police a doublé, quand celle de son compte Facebook est en hausse de 40%, souligne Le Figaro. Un effet "attentats", en somme.
Interrogée fin janvier par BFMTV, Camille Chaize, commissaire au Service d'Information et de Communication de la Police nationale (Sicop) constatait qu'en même temps que ce regain des vocations, on voyait quelque peu évoluer les profils des candidats:
"On observe que les jeunes candidats qui nous envoient des dossiers pour devenir policiers sont plus jeunes que d’habitude - la moyenne d’âge est 22 ans. Ils disent vouloir s’engager pour le pays, et servir la République française."
"Phénomène d'héroïsation"
"Je sais qu’il y a des attentats, des policiers qui se font tuer et tout. Après on s’engage, on sait ce qu’on risque. Porter cet uniforme ce serait une grande fierté pour moi", témoignait notamment Steeve, un lycéen venu s'informer sur le concours de recrutement exceptionnel de la police.
Comment analyser ce rêve d'uniforme? Cité par Le Figaro, Jean-Marc Berlière, professeur émérite d'histoire contemporaine et spécialiste de l'histoire des polices en France, décrypte:
"Nous sommes face à un inédit phénomène d'héroïsation, un peu à la manière des pompiers de New York après le 11 septembre 2001. Ce qui était inconcevable en France à l'époque est devenu réalité".
"La seule fois où la population a crié 'Vive les flics' (avant les attentats de janvier, quand policiers et CRS avaient été acclamés par la foule, Ndlr), ce qui est peu banal, remonte aux 24 et 25 août 1944", rappelle-t-il, "lorsque les gardiens de la paix à l'origine de l'insurrection contre l'occupant nazi ont défilé de façon informelle dans les rues de Paris."
Engouement aussi pour la gendarmerie et l'armée
L'engouement est aussi visible au sein de la gendarmerie. Toujours selon Le Figaro, elle enregistre elle aussi un afflux exceptionnel de postulants: 24.700 prétendants pour 3.700 postes, en hausse de 47% en un an. Là aussi, les analystes de la direction générale y voient un "effet Bataclan".
Le phénomène avait aussi été observé dans l'armée dans la foulée des attentats de novembre. Comme le rapportait Le Monde, dans les jours qui avaient suivi, les demandes reçues par le site internet de la défense S’engager.fr avaient triplé.