Braqueur abattu par un bijoutier: comment en est-on arrivé là?

Enquêteur et témoin sur les lieux du drame, à Nice, mercredi. - -
MAJ du 12/09 à 10h45: la garde à vue du bijoutier mis en cause a été prolongée de 24 heures, a indiqué jeudi matin le parquet de Nice. Au sujet du second braqueur en fuite, il a simplement ajouté qu'un "suspect" était "en garde à vue" depuis mercredi soir.
Comment un bijoutier en est-il venu à ouvrir le feu en pleine rue sur un malfaiteur qui venait de braquer sa boutique? Jeudi matin, un jour après le drame, Nice est toujours sous le choc.
Si on en sait plus sur les circonstances du drame, commerçants et proches du bijoutier déplorent une dérive révélatrice du "ras-le-bol" des commerçants de la région, sujets à des braquages à répétition.
"Arme de poing"
Il était 8h45, mercredi matin, quand le bijoutier a commencé à relever le rideau métallique de sa petite boutique. Le rideau à mi-hauteur, il s'est glissé à l'intérieur pour désactiver l'alarme qui le protège. C'est alors que sont intervenus "deux jeunes gens, casqués, l'un portant un sac de sport, l'autre, semble-t-il, un fusil à pompe", précise Eric Bedos, le procureur de la République à Nice.
"Celui qui a le fusil a menacé le commerçant et lui a porté des coups de poing et de de pied", relate le magistrat. Les deux hommes ont alors demandé au propriétaire de la bijouterie "La Turquoise" d'ouvrir le coffre situé à proximité du comptoir.
Le commerçant a obtempéré. Les deux malfaiteurs ont fait disparaître les bijoux à l'intérieur du sac avant de repartir, vraisemblablement sur un scooter de grosse cylindrée. C'est à ce moment-là que le bijoutier s'est saisi d'une "arme de poing" et, depuis le pas de son commerce, a "fait feu à trois reprises".
"Très choqué"
Le passager, touché "au moins une fois dans le dos", a chuté du deux-roues dans une rue adjacente. Il a succombé "sur le pavé" quelques minutes plus tard. Le conducteur a pris la fuite sur le scooter, armé du fusil à pompe.
Placé en garde à vue, le commerçant s'y trouvait toujours jeudi matin. Interrogé par BFMTV, son fils dépeint un homme "très choqué", "très perturbé", qui "ne comprend pas ce qui s'est passé". Il précise que c'est au commissariat que son père a appris que le jeune homme était mort.
Il fait aussi part de son "dégoût" et de son "ras-le-bol" après cet énième braquage dans la région. "Tous les jours, on ouvre avec la boule au ventre", souligne-t-il. Il cite l'affaire Unik, un braquage à Cannes au cours duquel un bijoutier avait été abattu d'une balle dans la tête. Michel Unik, le frère de cet homme, s'est d'ailleurs rendu sur les lieux en "solidarité" avec le bijoutier arrêté. Il a fait part de son "inquiétude pour la profession".
"Tiré comme un pigeon"
De son côté, le père du jeune homme abattu a poussé un cri de désespoir dans les colonnes de Nice Matin jeudi. "Mon fils a été tiré comme un pigeon", déplore-t-il. "Je ne le défends pas, il n'avait pas à faire ça. (...) Mais pas un enfant n'est destiné à mourir comme ça."