Affaire Lambert: comment prévoir son opposition à un acharnement thérapeutique?

Une infirmière à l’hôpital d’Angers (Photo d’illustration) - -
Directives anticipées. Deux mots qui ne signifient pas grand chose pour la majorité des Français, mais qui désignent en réalité un droit primordial, au coeur de l'actualité: le droit de préciser ses souhaits quant à sa fin de vie, prévoyant l'hypothèse qu'on ne soit pas, à ce moment-là, en état de les exprimer.
Ainsi, il n'y aurait probablement pas eu d'affaire Lambert, du nom de cet homme tétraplégique de 38 ans en état végétatif dont la famille se déchire, s'il avait rédigé, avant son accident, des directives anticipées ou s'il avait désigné une "personne de confiance", estime le Dr Vincent Morel, président de la SFAP, association qui rassemble les différents acteurs du monde des soins palliatifs.
"Toute personne majeure peut rédiger des directives anticipées", stipule la loi Leonetti qui, depuis huit ans, encadre la fin de vie et proscrit l'acharnement thérapeutique. Aujourd'hui, seuls 2% des Français ont rédigé des directives de la sorte, selon la SFAP.
Les médecins doivent en tenir compte
Le texte Leonetti, que François Hollande a promis de dépasser avec une nouvelle loi, a instauré un droit au "laisser mourir" avec la possibilité de suspendre des traitements au point d'abréger la vie. C'est également ce texte qui a institué les directives anticipées, document écrit, daté et signé. Elles peuvent être révoquées à tout moment et doivent être renouvelées tous les trois ans. Les médecins doivent en tenir compte et son contenu "prévaut sur tout autre avis non médical".
Toutefois elle n'a "pas de valeur contraignante" pour les médecins qui restent libres "d'apprécier les conditions dans lesquelles il convient d'appliquer les orientations exprimées", explique le ministère de la Santé. "Dans la réalité, les médecins tiennent toujours compte des directives anticipées, sauf dans les cas où ce qui est écrit ne correspond pas à la situation", selon le Dr Morel, qui lui-même exerce dans une unité de soins palliatifs à Rennes.
Sans vouloir les rendre "systématiquement applicables", lui est favorable à des aménagements pour que ces directives soient "plus contraignantes" afin d'obliger les médecins à se justifier lorsqu'ils décident de ne pas les suivre, "ce qui doit rester l'exception".