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85% des fleurs vendues en France seraient importées

Une production de chrysanthème en Corse.

Une production de chrysanthème en Corse. - Pascal Pochard Casabianca - AFP

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a remis cette semaine les premiers kits de communication aux horticulteurs qui ont reçu le label "Fleurs de France". Le but: valoriser la production française fortement menacée par la concurrence internationale.

Le made in France à l'honneur. Après le label "viande de France", l'étiquette "Fleurs de France" devrait pousser sur les étals des fleuristes. Le but de cette initiative, lancée par le ministère de l'Agriculture Stéphane Le Foll et Val'hor, l'Interprofession française de l'horticulture, est bien de valoriser la production française. 

Car le secteur de la fleur se porte bien. En 2014, rien que pour la semaine de la Saint-Valentin les dépenses des Français s'élevaient à 26,3 millions d'euros. Et la star restait les fleurs coupées, la rose en tête. Sauf que si les Français aiment offrir des fleurs, en très grande majorité, elles ne proviennent pas des jardins de l'Hexagone.

85% de fleurs importées

Lors du lancement officiel de ce nouveau label, au Salon du végétal qui se tenait à Angers cette semaine, Stéphane Le Foll, s'est en effet étonné du nombre des importations sur le marché français des fleurs. "85% des fleurs importées, ça doit changer", s'est indigné le ministre sur son compte Twitter.

En 2013, les importations de la filière agricole se sont élevées à 883,2 millions d'euros quand les exportations peinaient à atteindre les 63 millions d'euros, selon les chiffres communiqués par FranceAgriMer. Par exemple, les roses vendues en février 2014 provenaient à 82% des Pays-Bas. Le Kenya, la Colombie, la Belgique ou encore l'Equateur se répartissaient le reste des importations. 

D'autres labels qui existent déjà

Cette situation "est due dans un premier temps au type de fleurs qui peuvent être produites ou non en France, commente Laurent Devaux, le directeur de l'Uniphor, un syndicat horticole, joint par BFMTV.com. Ensuite la production de fleurs est dépensière en énergie. Il est clair qu'avec les charges et le prix de l'énergie, le rendement devient très vite négatif. La concurrence internationale n'a pas toutes ces contraintes."

Prévu pour favoriser les ventes françaises et accessible à tous, le label ne reçoit pas un vif accueil dans la profession. Car d'autres labels existent déjà: le label "Plante Bleue" qui prouve que l'entreprise respecte les contraintes du Grenelle de l'environnement, en faisant des efforts en matière de pesticides, d'utilisation d'eau et d'énergie, et le Label Rouge notamment pour les dahlias.

Un label difficile à obtenir

Les horticulteurs peuvent aussi être soumis à la Charte Qualité Fleurs, une initiative des horticulteurs qui repose sur un dispositif certifié de traçabilité et d'évaluation de la qualité des fleurs. "On est dubitatifs", commente Laurent Devaux, dénonçant la nécessité d'avoir obtenu le label "Plante Bleue" et de respecter cette charte pour tenter de recevoir le logo "Fleurs de France".

"On nous avait promis un logo accessible pour tous, regrette le directeur du syndicat horticole. Sauf qu'il faudra déjà être certifié, payer une inscription, faire des investissements si les productions ne sont pas aux normes. Dans ces conditions, certains continueront donc de produire en France mais ne pourront pas le dire..."

J.C.