Médecins généralistes: ils sont de moins en moins nombreux

Le nombre de médecins généralistes ne cesse de baisser en France. - -
Au 1er janvier 2014, le Conseil national de l'ordre des médecins recensait 276.354 médecins, soit 1,6% de plus qu'en 2013, selon la nouvelle édition de son atlas démographique. Parmi les praticiens en "activité régulière", on compte 90.630 généralistes, 84.335 spécialistes (hors médecine générale) et 23.795 chirurgiens.
De 2007 à 2014, la baisse du nombre de médecins généralistes atteint donc 6,5% en France, tandis que leurs confrères spécialisés ont augmenté de 6,1%. Si la tendance se maintient, les spécialistes - hors chirurgiens - seront plus nombreux que les généralistes d'ici 2020, soit 88.158 pour 86.203 généralistes.
Une chute compréhensible
Meilleure rémunération pour les spécialistes, regain d'intérêt pour le salariat qui préserve la vie familiale, les raisons de cette baisse sont multiples. Mais pour le président de l'Intersyndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale (ISNAR-IMG), Julien Poimbeuf, le manque d'attrait pour la médecine générale s'explique avant tout par le format des études. "Il y a trop peu de stages en médecine générale pour les étudiants qui n'ont qu'un seul stage de six mois obligatoire", estime-t-il. "Ils effectuent surtout des stages dans les services hospitaliers et sont plus en contact avec d'autres spécialités. Ce n'est pas étonnant qu'ils aillent vers un exercice où ils sont plus à l'aise. On a un enseignant pour 103 élèves quand pour d'autres spécialités, on en a un pour cinq".
Selon le président de l'ISNAR, le manque d'informations relatives à l'installation agit aussi comme un frein pour la plupart des étudiants: "Quand on s'installe, il y a tout un socle de connaissances à avoir. Il faudrait vraiment axer la formation sur ça".
Une chute à relativiser?
Claude Leicher, le président de MG France, le principal syndicat de médecins généralistes, relativise pourtant le phénomène: "Cela baisse un peu moins vite que ce qu'on craignait". Selon lui, il y a toutefois "une érosion du nombre de médecins généralistes alors qu'il y a une augmentation très importante du numerus clausus", le quota qui définit le nombre d'étudiants admis en deuxième année de médecine. Cette augmentation "devrait commencer à produire des résultats. Mais le temps de formation d'un étudiant, c'est 14 ans", note-t-il.
De grosses disparités régionales
Aucune région métropolitaine n'est épargnée par cette baisse du nombre de médecins généralistes, à l'exception des Pays-de-la-Loire, où le nombre de généralistes est en hausse par rapport à 2007. A l'inverse, toutes les régions ont enregistré une hausse du nombre de spécialistes, de +0,6% pour la Corse à +13,2% pour le Nord-Pas-de-Calais.
Au niveau départemental, les disparités sont plus tangibles et confirment le recul de la population médicale de Paris, réputée pour sa densité. En perdant 21,4% de ses médecins généralistes de 2007 à 2014, la capitale est la plus touchée, devant l'Aisne (-18,1%), la Nièvre et le Val-de-Marne (-17,9%).
La Savoie connaît quant à elle la plus forte augmentation de médecins généralistes (+6,5%), juste devant la Loire-Atlantique (+6,4%).