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Le sport sur ordonnance: comment ça marche ? 

Cours d'aquagym. (Illustration)

Cours d'aquagym. (Illustration) - Jorge Macri - flickr - CC

Faire du sport pour diminuer sa prise de médicaments. L'idée, pas nouvelle, est défendue cette semaine à l'Assemblée par Valérie Fourneyron, ex-ministre des Sports. Mais comment encadrer cette prescription et prévenir les abus?

Le sport pour se maintenir en forme et limiter la prise médicaments est une pratique qui semble relever du bon sens. Mais, comme les antibiotiques, elle n'est pas automatique. La proposition sera défendue cette semaine par l'ex-ministre des Sports Valérie Fourneyron sous la forme d'un amendement lors des débats de l'Assemblée nationale sur la future loi santé.

Il faut dire que le bénéfice pour le patient de ce "sport sur ordonnance médicale" peut-être double : s'il la pratique sportive est adaptée à sa condition et à sa pathologie, elle améliore sa forme générale. Mais elle peut aussi conduire à limiter de manière sensible la médication, permettant de diminuer d'autant les effets secondaires d'un traitement. 

Problème : la pratique de ce qui semble relever du bon sens promet d'être plus compliquée. Comment encadrer ces prescriptions pour qu'elles ne dissimulent des abus? Et à qui s'adresseront-elles? BFMTV.com fait le point.

> Dans quels cas la pratique sportive serait-elle prescrite?

Le sport sur ordonnance est indiqué dans le cas de maladies chroniques tels les cancers stabilisés, certains diabètes, les maladies cardiovasculaires ou encore l'obésité. Valérie Fourneyron explique au Parisien que "les études ont montré que pratiquer d'une activité physique réduisait de 40% le risque de récidive pour un patient atteint d'un cancer du sein ou du colon". L'ex-ministre souligne "le retard de la France" accumulé en matière de thérapies non médicamenteuses, pointé "dès 2011 par la Haute Autorité de santé".

En pratique, le médecin généraliste rédige l'ordonnance et oriente le patient vers une équipe d'animateurs sportifs spécialisés qui vont établir un "diagnostic de sédentarité" permettant de mettre au point un programme "sport-santé".

> Comment ce sport serait-il pratiqué?

Toujours selon l'ex-ministre, les patients seraient accueillis au sein de réseaux d'animateurs présents dans chaque région. "Il s'agit d'une prescription bien dosée dans des structures labellisées", détaille la députée.

Un exemple grandeur nature a pu être observé à Strasbourg où une expérimentation de "sport santé sur ordonnance" a été initiée en novembre 2012. Selon une évaluation menée du professeur Jehan Lecocq, les patients qui avaient pratiqué la marche nordique, la bicyclette, le tai-chi, l'aquagym ou la natation avaient perdu en moyenne deux kilos en six mois. Et sur huit diabétiques contrôlés, sept avaient amélioré leur bilan sanguin.

Une autre étude avait ensuite relativisé ces résultats soulignant que la plupart des personnes concernées avaient sollicité eux-mêmes la prescription ce qui implique une démarche positive de la part du patient. Mais lors du deuxième entretien, 5 sur 25 avaient déjà renoncé. En revanche, "une très grande majorité des bénéficiaires" avaient déclaré "préférer pratiquer dans le cadre de ce dispositif plutôt que dans un club standard."

> Qui va financer ces prescriptions?

"Il n'est pas question qu'un malade se fasse rembourser par la Sécurité sociale, son abonnement dans une salle de sport", fait remarquer au Parisien Valérie Fourneyron. De fait, il n'est pas prévu que que la Caisse d'assurance maladie prenne directement en charge ces pratiques sportives. Le plan "Sport, santé, bien-être", détaille un financement multiple par les collectivités territoriales, les mutuelles ou des associations de patients. 

Pour reprendre l'exemple strasbourgeois, le patient ne payait pas pendant la première année de pratique sportive, puis participait ensuite en fonction de ses revenus pour les années suivantes. Le coût du dispositif a été estimé à 250.000 euros par an pour la prise en charge de quelque 800 patients. Le docteur Alexandre Feltz estimait, dans le journal de la métropole strasbourgeoise en juin 2013, que "le sport sur ordonnance réduit la prescription médicamenteuse, et donc, à terme, la pression sur l’assurance maladie et les finances publiques". Autrement dit, une prescription sportive bien encadrée permettrait de diminuer les dépenses de la Sécurité sociale.