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Tracts, pétition, comment les Insoumis veulent séduire la jeunesse

Jean-Luc Mélenchon parle avec un jeune homme à Paris los d'une manifestation en 2017.

Jean-Luc Mélenchon parle avec un jeune homme à Paris los d'une manifestation en 2017. - ALAIN JOCARD / AFP

A partir de ce jeudi, les Insoumis diffusent un tract à destination des étudiants et des lycéens qu'ils cherchent à mobiliser face au gouvernement et à Emmanuel Macron. Une pétition a aussi été mise en ligne à cette fin. Pour le mouvement politique, la participation des jeunes est capitale pour espérer s'opposer à la politique de l'exécutif.

La "France insoumise" initie une campagne d'ampleur à destination des jeunes (étudiants, lycéens ou travailleurs) qu'elle entend mobiliser contre la politique du gouvernement. A compter de ce jeudi, un tract, élaboré pour ce public, est mis en circulation, et le tirage est conséquent: 500.000 exemplaires ont été édités. Intitulé 10 raisons de se mobiliser contre la bande à Macron, mettons-nous en mouvement, le document porte les photos d'Emmanuel Macron et d'Edouard Philippe (suivi comme son ombre par une double exclamation aux allures de mantra: "Cours Edouard! Les jeunes sont dans la rue!") en pleine course, accompagnés de l'esquisse d'une manifestation lancée à leurs trousses. 

"Macron a peur des jeunes"

Le tract décline ensuite les motifs de révolte soufflés par les Insoumis à leurs jeunes interlocuteurs, chacun formulé en une sentence accusatrice: "Macron attaque nos universités", "Macron n'aime pas davantage nos lycées", "Macron veut détruire le Code du travail", "Macron nous fait la vie dure", "Macron veut nous rendre plus précaire", "Macron s'en prend aux droits des femmes à disposer de leurs corps", "Macron veut faire de la discrimination la norme", "Macron massacre notre santé", "Macron se moque de notre planète", "Macron a peur des jeunes". 

Sous ces énoncés, les Insoumis détaillent leurs griefs contre l'exécutif et sa majorité. En ce qui concerne le chapitre des universités et des lycées, la réforme du baccalauréat et la sélections dans les facs ne passent pas. Pour ce qui est du monde du travail, les ordonnances sont pointées du doigt. Lorsque le texte se penche sur les conditions d'existence des étudiants, il fustige la suppression des emplois aidés et la baisse des APL. Les Insoumis assurent également que les coupes budgétaires amènent des centres IVG à fermer "par dizaines". S'ils accusent Emmanuel Macron de "faire de la discrimination la norme", c'est parce qu'ils jugent qu'il a inscrit, via la loi antiterroriste qui vient d'être adoptée, l'état d'urgence dans le droit. Au plan de la santé, ils estiment qu'un tiers des étudiants renoncent à se soigner. Enfin, c'est l'accord du CETA que la "France insoumise" dénonce aux yeux de leurs lecteurs comme contraire à la nécessité écologique. 

A ce tract se joint une pétition déjà mise en ligne sur le site Change.org s'affirmant comme un "appel de la jeunesse contre les ordonnances et leur monde". Un "appel à la jeunesse" qui rappelle celui que Jean-Luc Mélenchon a lancé le 23 septembre dernier lors de la marche parisienne de son mouvement. 

Les Insoumis veulent actionner le "levier terriblement efficace" de la jeunesse

Autant dire que cette campagne tient davantage du passage à l'offensive que de l'anecdote. Mais si les Insoumis redoublent ainsi d'efforts pour s'adresser aux jeunes, est-ce à dire que ceux-ci ont jusqu'ici manqué dans les rassemblements organisés par cette famille politique? Non, répond le député Eric Coquerel auprès de BFMTV.com. "Dans nos mobilisations stricto sensu, non, ils sont présents. Et puis, lors de la présidentielle, on se souvient que Jean-Luc Mélenchon était largement en tête dans l'électorat jeune. On sait qu'on a une audience", explique-t-il. "Mais chacun sait aussi que ce n'est pas la même chose pour un gouvernement que la jeunesse soit ou non dans une manifestation", note le parlementaire. Pour ce dernier, c'est sa fougue qui fait d'elle un atout enviable: "La jeunesse est un levier terriblement efficace. On se rappelle notamment de l'opposition au CPE. La jeunesse est un torrent qui ne rentre pas facilement dans le lit de la rivière", dépeint Eric Coquerel. 

Il s'agit aussi de mener la bataille des consciences selon Manuel Bompard, le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon durant la présidentielle et l'un des stratèges du mouvement, interrogé lundi par notre journaliste Camille Langlade. "On essaye de conscientiser l'ensemble de la société, mais les jeunes en particulier, parce que s'ils ne viennent pas aider, s'ils ne viennent pas se mettre dans la bataille avec nous, on ne pourra pas gagner", a-t-il déclaré. C'est cet apport crucial qu'attend la "France insoumise" à travers ces initiatives. Cependant, il ne faut pas y voir une tentative d'infiltration ou de noyautage, a récusé Manuel Bompard: "On n’a rien infiltré du tout, mais il y a des lycéens, des étudiants, des jeunes qui partagent le projet de la 'France insoumise', 'l'avenir en commun', et qui ont souhaité rejoindre ce mouvement et y contribuer, y participer par leur action."

Bientôt des meetings dans les facs

Cela n'empêche pas de discuter de vive voix. Eric Coquerel signale à BFMTV.com que des rendez-vous politiques devant les étudiants sont prévus pour bientôt à l'agenda des Insoumis: "On assume de dire que, contre la politique qui est menée, on va sensibiliser. Par exemple, députés et responsables de la 'France insoumise' vont aller dans des facs pour faire des meetings." Le tout en bénéficiant de l'aide de "groupes d'appuis", ces structures informelles mises en place par le mouvement, constitués par des étudiants sympathisants. "On pense qu'on a un rôle à jouer avec la jeunesse", pose l'élu qui tempère toutefois: "Pour l'instant, on vise davantage à développer un mouvement dans la jeunesse qu'à développer la 'France insoumise' au sein de la jeunesse". 

Souvent présentée comme la première force d'opposition du pays, la "France insoumise" ne compte en tout cas pas lâcher la tribune. 

Robin Verner, avec Camille Langlade