La renaissance de Philippe de Villiers

Le Suicide français d'Eric Zemmour a été un énorme succès en librairie fin 2014. Un an plus tard, Philippe de Villiers fait la course en tête dans les rayons politiques. Le moment est venu de dire ce que j'ai vu s'est écoulé à plus de 220.000 exemplaires depuis octobre dernier. Un succès inattendu pour celui qui avait recueilli à la présidentielle de 1995 4,7 % des voix et 2,3% en 2007.
Les équipes de Grand Angle de BFMTV étaient avec lui le 14 novembre pour un tournage prévu de longue date. Au lendemain des attentats parisiens, il estimait que "l'Islam a vocation à conquérir l'Europe. Ce que je dis sur l'islamisation de la France prend un échos particulier après ce qu'il s'est passé à Paris".
Un discours radical et sans frein
Le discours du héraut du souverainisme contre l'Europe de Bruxelles et défenseur des valeurs traditionnelles n'a pas vraiment changé. "Au rythme où vont les choses, si on n'y prend pas garde, la France sera demain, après-demain, une république islamique", assurait-il déjà en 2005.
Son discours anti-islam et anxiogène se rapproche de ceux d'Eric Zemmour et Patrick Buisson qui rencontrent eux aussi un certain échos dans la société française. "On a les mêmes inquiétudes, les mêmes angoisses", reconnaît le Vendéen.
Et maintenant qu'il est en dehors des partis politiques, sa parole n'a plus aucun frein. Il sillonne en ce moment la France pour prêcher sa bonne parole devant des salles souvent combles. "Combien d'attentats faudra-t-il pour ouvrir yeux? Quand je parlais l'islamisation de la France dans Les mosquées de Roissy qu'est-ce que je me suis pris!", lançait-il devant 600 personnes à Bordeaux en décembre, comme si ses thèses étaient désormais validées.
Il assure avoir quitté la vie politique pour de bon
Ancien élève de l’ENA, qu’il rebaptise "Ecole Nationale de l’Arrogance", Villiers vitupère contre l’ensemble des dirigeants politiques, qu’il accuse d’avoir bradé la France, de l’avoir menée à la ruine. Philippe de Villiers s'était retiré de la vie politique en démissionnant de la présidence du conseil général de Vendée en 2010 après avoir vaincu un cancer de l’œil et été secoué par des problèmes familiaux puisqu’un de ses fils, Laurent de Villiers, a poursuivi en justice son frère pour viol.
Le fondateur du Mouvement pour la France l'assure au micro de BFMTV, il a raccroché les crampons pour de bon et son nouveau statut d'écrivain lui suffit.
Pour autant, il continue de cultiver ses réseaux comme ceux de la Manif pour tous avec qui il juge le parti LR trop modéré. "Manifestement Les Républicains n'ont pas bien compris l'évolution de la situation et je pense qu'ils restent sans cesse sur les mêmes réflexes: le politiquement correct, un manque réflexion, un manque de courage, un manque de cohérence, explique la présidente de la Manif pour tous Ludovine de la Rochère. Si on devait positionner Philippe de Villiers, je le positionnerai à droite des Républicains ou alors entre les Républicains et le FN".
Le FN lorgne sur de Villiers
Le FN suit attentivement ses conférences et certains y verraient d'un bon œil un rapprochement en vue de 2017. Le maire de Béziers l'a d'ailleurs invité à donner une conférence dans sa ville et espère un rapprochement avant 2017.
"Il a un talent rare, il a un charisme rare, il a une vision historique rare, il est trois coudées au-dessus de la plupart des hommes politique. (...) Si on veut gagner les élections en 2017, il faut que l'ensemble de la famille patriotique soit présente derrière Marine Le Pen. C'est pour ça que je lui dis: Philippe, il faut que tu nous donnes un coup de main, il faut que tu te mobilises, pour que cette famille politique, ces catholiques, se retrouvent derrière Marine Le Pen", explique Robert Ménard.
La députée FN Marion Maréchal Le Pen n'en pense pas moins: "C'est un homme politique que j'apprécie, je trouve qu'il a le mérite courage et de la cohérence, il a surtout une très belle plume. Si un jour il pouvait être amené à travailler avec nous ça me ferait plaisir".