Législatives: Manuel Valls "ne souhaite pas" la proportionnelle intégrale

Manuel Valls à l'Assemblée nationale le 3 décembre 2014. - Bertrand Guay - AFP
C'est un enterrement de première classe qu'a offert dimanche soir Manuel Valls à la législative à la proportionnelle. Lors de son interview sur France 2, le Premier ministre a déclaré qu'il "ne souhaite pas" la proportionnelle intégrale aux législatives, comme l'UMP soupçonne François Hollande de vouloir le faire.
"Imposer la proportionnelle intégrale, c'est une sacrée responsabilité que je ne souhaite pas que nous prenions", a dit Manuel Valls, parce que "cela ferait entrer 150 ou 180 députés du Front national à l'Assemblée nationale et que cela rendrait le pays totalement ingouvernable". "C'est une voie que nous ne pouvons pas prendre", a-t-il encore ajouté. Une idée pourtant défendue par certains cadres du PS, comme François Rebsamen, devenu ministre du Travail.
"C'est compliqué à faire"
Outre la proportionnelle intégrale, l'introduction d'une "dose" de proportionnelle dans l'élection des députés avait été promise par François Hollande. C'était d'ailleurs la 48e proposition du chef de l'Etat, sur la liste de ses 60 engagements pour la France. Manuel Valls l'a bien rappelé: "c'est un engagement du président de la République, c'est donc à lui de décider". Le chef de l'Etat avait dit vouloir 15% d'élus à la proportionnelle, soit une centaine de parlementaires.
Mais dimanche soir, le Premier ministre a souligné les difficultés de mise en place d'une telle mesure. "C'est compliqué à faire", a glissé le Premier ministre, car cette mesure nécessite "l'assentiment de la plupart des formations politiques". "Surtout, cela obligerait à redécouper toutes les circonscriptions", a-t-il encore asséné.
La majorité partagée
Faut-il comprendre que l'idée est abandonnée? L'été dernier, dans une interview au Monde, François Hollande avait pourtant évoqué de nouveau le sujet, affirmant être "prêt" à mettre ce système en place. Mais à deux conditions: que la majorité puisse "s'accorder sur cette orientation", et que cela implique une "réduction du nombre de députés".
La gauche, elle, est partagée. Outre les écologistes, qui défendent la question depuis longtemps, certains députés du PS aimeraient que François Hollande aborde de nouveau la question. "Nous vivons une vraie crise représentative et institutionnelle", estime ainsi Yann Galut, député PS du Cher. Olivier Faure, porte-parole du PS, brandit de son côté la menace de la "prise en otage de la démocratie par les petits partis", comme c'est le cas dans "tous les pays qui l'ont pratiqué".