Loi travail: le Front national hésite à condamner les blocages

Le FN se divise sur la Loi travail. - AFP - Montage BFMTV
Difficile de mettre tout le monde d'accord. En plein bras de fer entre les opposants au projet de loi El Khomri et le gouvernement, le Front national a bien du mal à faire entendre une ligne claire. Alors que depuis des semaines le parti de Marine Le Pen fustige l'inaction du gouvernement face aux manifestants parfois violents, il se montre moins définitif face au blocage des dépôts de carburant.
Soutenir les manifestants... sans manifester
Il y a quelques jours, Marine Le Pen estimait qu'en plein état d'urgence, le gouvernement devrait interdire purement et simplement les manifestations.
"Nous sommes en état d'urgence. Or, il y a depuis deux mois dans notre pays des violences tous les jours, 300 policiers blessés sans que le gouvernement soit capable de lever le petit doigt" a fustigé la présidente du FN.
Une opinion que ne partage pas son dauphin au sein du parti Florian Philippot, qui critique lui, seulement les "casseurs". Pour le vice-président du parti d'extrême-droite, "il faut écouter le peuple sinon la démocratie n'est plus qu'un mot".
Même son de cloche du côté du Front National de la Jeunesse (FNJ), dirigé par Gaëtan Dussausaye, fermement opposé au projet de loi El Khomri. Alors pourquoi ne voit-on aucun responsable du parti dans les cortèges qui se multiplient depuis plusieurs semaines? Pour éviter, selon les mots de Gaëtan Dussausaye, de se soumettre à "la main mise médiatique du MJS (les jeunes socialistes) et de l'UNEF (syndicat étudiant classé à gauche) sur l'organisation de cette contestation.
En guise de protestation, les FNJ choisissent donc de "mener une lutte sans faille directement aux côtés des jeunes, lors de réunions publiques, et sur les réseaux sociaux".
Politiquement, le FN aurait très mauvaise presse à se retrouver pris dans des cortèges systématiquement émaillés d'actes de violence contre les forces de l'ordre ou les équipements publics. A côté du discours plus ou moins indulgent à l'égard des manifestants, une voix discordante s'élève: celle de Marion Maréchal-Le Pen.
Marion Maréchal-Le Pen joue en solo
Alors que Florian Philippot dénonce une "loi de précarisation" écrite par "des larbins des commissaires de Bruxelles", Marion Maréchal-Le Pen évoque un texte "dérisoire" et "insatisfaisant".
Une position que Marion Maréchal-Le Pen a confirmée et même durcie alors que la CGT poursuit sa grève dans plusieurs secteurs de l'économie, dont celui de l'énergie. Sur son compte Twitter, l'élue frontiste dénonce une "prise d'otage" et critique l'inaction du gouvernement.
Marion Maréchal-Le Pen est bien seule à condamner les actions de la CGT. Pour autant, personne au Front ne défendra le syndicat à voix haute, pris entre les difficultés que connaissent les Français à s'approvisionner et le positionnement du parti contre la Loi travail.
La difficile synthèse de Marine Le Pen
Sur son blog, la présidente du FN a tenté de réunir ses troupes et de ménager les opinions de chacun. En tapant sur le gouvernement d'abord, d'après elle seul responsable des blocages.
"Autant le préciser d’entrée de jeu, le gouvernement porte l’entière responsabilité de la situation d’exaspération que connaît la France" assène la présidente du FN.
Mais immédiatement après, Marine Le Pen tend une perche à sa nièce et s'en prend aux syndicats, la CGT en tête, qu'elle accuse de ne "représenter qu'eux-mêmes".
"Certains représentants syndicalistes, qui ne représentent qu’eux-mêmes (...) portent une lourde responsabilité dans le chaos que connaît aujourd’hui le pays" nuance la députée européenne.
En conclusion, Marine Le Pen demande au gouvernement "de retirer immédiatement la Loi travail et de permettre le déblocage de la France", sans jamais se prononcer vraiment sur ces blocages. A croire que le FN peut y tirer un bénéfice.