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Déchéance de nationalité: y a-t-il une majorité au PS?

Une partie des députés socialistes sont opposés à l'inscription dans la Constitution de la déchéance de nationalité.

Une partie des députés socialistes sont opposés à l'inscription dans la Constitution de la déchéance de nationalité. - Stéphane de Sakutin - AFP

Le revirement surprise du gouvernement sur le maintien de la déchéance de nationalité dans le projet de réforme constitutionnelle provoque des remous à gauche. Au PS la grogne n'est pas limitée aux frondeurs.

"Je suis convaincu que nous aurons une large majorité", estimait mercredi Manuel Valls sur TF1. Après des hésitations au sein de l'exécutif, le Premier ministre défend la position de François Hollande exprimée devant le Congrès le 16 novembre: la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français figurera dans le projet de réforme constitutionnelle.

Si la droite et le Front national se sont félicités de cette décision, la mesure soulève un vent d'exaspération sur les bancs de la gauche. En première ligne, le Front de gauche et les écologistes. Jeudi matin sur France Inter, Cécile Duflot dénonçait une "mesure d'extrême droite" et regrettait ce "symbole désastreux pour les binationaux". Daniel Cohn-Bendit qui n'est certes pas élu, estime néanmoins que François Hollande devait désormais "se présenter à la primaire de la droite".

Les frondeurs du PS sont également montés au créneau. La sénatrice Marie-Noëlle Lienemann craint la dérive de cette mesure. "A partir du moment où vous mettez une brèche dans le principe d'égalité entre ceux qui sont nés en Français, vous commencez à le faire sur les terroristes et puis après on va vous dire que c'est ceux qui attaquent le pays, puis après ses valeurs, c'est un risque", estime-t-elle sur BFMTV.

La déchéance de nationalité "pas une idée de gauche"

Pour que la réforme constitutionnelle soit approuvée, François Hollande doit réunir 3/5e des suffrages au Congrès. Il faudra donc qu'au moins une partie de la droite vote la réforme mais aussi qu'il rassemble son camp. Or la levée de boucliers contre la déchéance de nationalité s'étend bien au-delà des frondeurs au PS. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, déclarait la semaine dernière que la déchéance de nationalité "n'était pas une idée de gauche". Mercredi, il se réfugie dans un communiqué laconique derrière la fonction présidentielle: "Malgré les multiples injonctions de l'extrême droite et de la droite dite républicaine, le président de la République a choisi de respecter les paroles qu'il avait prononcées devant le Congrès, et décidé de suivre strictement l'avis et les réserves du Conseil d'Etat".

A l'Assemblée, les élus socialistes sont restés bien silencieux depuis l'annonce du gouvernement.

Certains comme le député de Seine-et-Marne Olivier Faure, également porte-parole du PS ont toutefois pris la parole. Il considère la réforme "tout simplement inacceptable", rapporte Le Monde. "C'est une mesure inefficace qui a un effet symbolique dévastateur pour une partie de la population qui va se sentir citoyenne de seconde zone", poursuit-il.

Quitte à adopter une mesure symbolique des députés de la majorité auraient préféré l'indignité nationale qui consiste à déchoir la personne de ses droits civiques, civils et politiques. Une idée qui était défendue par Bruno Leroux, le chef des socialistes à l'Assemblée nationale. Le président du groupe socialiste qui s'est depuis rangé derrière la parole présidentielle devra désormais convaincre son camp.

Carole Blanchard