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Paris Île-de-France

JO 2024: la mairie de Paris teste le démontage des "boîtes", les bouquinistes consternés

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Dans le cadre d'un test en vue de la cérémonie des JO 2024, la mairie de Paris a enlevé puis remis quatre boîtes à livres de bouquinistes sur les quais de Seine vendredi soir.

La mairie de Paris a déployé les grands moyens ce vendredi 17 novembre pour démonter quatre boîtes à livres de bouquinistes parisiens installées sur les quais de Seine.

Il s'agissait d'un test de faisabilité en vue des Jeux Olympiques de Paris 2024. En effet, pour des raisons de sécurité, la préfecture de police de Paris réclame le démontage de près de 600 des 900 boîtes couleur vert wagon avant la cérémonie d'ouverture du 26 juillet 2024, qui se déroulera sur le fleuve.

Devant un petit groupe de bouquinistes consternés, une vingtaine d'agents de la ville, aidés d'une entreprise de déménagement, ont passé plusieurs heures à procéder à cet enlèvement, après avoir soigneusement vidé les centaines de livres qui y étaient entassés.

"C'est comme un arrachage de dents"

Une grue a ensuite soulevé un par un ces gros rectangles de bois, souvent fragilisés par les années et les intempéries. Les boîtes qui ont été enlevées étaient fixées au quai depuis cinquante ans, mais les plus vieilles ont 150 ans.

"C'est comme un arrachage de dent! Tout ça pour quatre heures de cérémonie! Ce que les guerres n'ont pas réussi à faire, les JO vont y parvenir: nous faire disparaître", se désole auprès de l'AFP Michel Bouetard, secrétaire général de l'Association des bouquinistes.

D'autres s'inquiètent du moment où seront réinstallées les boîtes. "Tout cela est démesuré. Si on les retire, on ne sait jamais quand elles reviendront", avertit Jérôme Callais, président de l'association. "Mais s'ils persistent à vouloir les enlever, on ira au contentieux."

"Je pense que nous n'allons pas pouvoir travailler pendant un mois ou deux mois après (la cérémonie, NDLR), c'est pas vrai, ils ne vont pas réinstaller les boîtes le lendemain même", assure l'un des bouquinistes.

Des élus parisiens contre

Beaucoup des 230 bouquinistes n'ont aucun autre revenu. "C'est dommage, c'est stupide, c'est une souffrance qu'on nous impose qui n'est pas nécessaire car les bouquinistes sont aussi fragiles que leur boite, certains n'ont que ça dans la vie" prévient un autre.

Quelques élus parisiens étaient venus les soutenir. "Nous sommes contre, tout cela est décidé pour pouvoir faire de la publicité sur les quais", s'énerve Corine Faugeron, présidente du groupe Les Ecologistes au Conseil de Paris.

D'autres en appellent à Emmanuel Macron. "Je l'ai rencontré quand il est passé quai des Grands Augustins mi-octobre. Il nous a dit 'Je suis au courant, je vous défends, vous faites partie de Paris'. Mais il est supérieur au préfet, il peut lui dire de nous faire rester", s'écrie Francis Robert, bouquiniste depuis 43 ans.

"Pourquoi les enlever, puisque des barrières de sécurité seront posées à 1,50 mètre du quai?" renchérit une de ses collègues.

Un test sans dégât

Vers minuit et demi, les boîtes ont été remises sur le parapet et les livres replacés à l'intérieur, comme le prévoyait l'opération et sans dégât apparent.

La mairie de Paris a planifié ce samedi matin une conférence de bilan du test de démontage, qui aura pris trois heures. L'opération à grande échelle nécessitera l'appel à un prestataire.

Emilie Roussey avec AFP