Mort de Camille Lepage en Centrafrique: que s'est-il passé?

La photojournaliste Camille Lepage, le 19 février dernier à Bangui, la capitale de la République centrafricaine. - -
En annonçant mardi la mort en Centrafrique de la journaliste française Camille Lepage, le président François Hollande a promis de mettre "tous les moyens nécessaires pour faire la lumière" sur ce qu'il a qualifié d'"assassinat". Ce mercredi, l'hypothèse du "guet-apens" évoqué par le président de la République se renforce.
Le parquet de Paris a ordonné mercredi l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de la mort de cette photojournaliste indépendante. Selon une source diplomatique, une autopsie doit être pratiquée sur le corps de la victime, qui devait être ramené mercredi matin dans la capitale Bangui, avant son rapatriement vers Paris.
C'est la force française Sangaris qui a découvert le corps de Camille Lepage, alors qu'elle contrôlait un véhicule dans la région de Bouar, dans l'ouest de la Centrafrique, tout près de la frontière avec le Cameroun. Une zone de fortes tensions entre milices chrétiennes et musulmanes. C'est là que la semaine dernière, un détachement de la force Sangaris avait été attaqué par une colonne rebelle lourdement armée.
Avec les "anti-balaka", sans gilet pare-balle
Selon les premiers éléments, la photojournaliste de 26 ans a été tuée dans une embuscade il y a trois jours à Gallo, un village situé sur l'axe entre Bouar et Garoua-Boulaï, au Cameroun, de l'autre côté de la frontière. Une source au ministère de la Communication à Bangui a précisé mercredi qu'elle "ne portait pas de gilet pare-balle".
Selon une source militaire française, Camille Lepage se trouvait dans le cadre d'un reportage en compagnie d'éléments des milices chrétiennes "anti-balaka". Basés à Bouar et à Cantonnier, à la frontière avec le Cameroun, ceux-ci effectuent de fréquentes patrouilles sur ce tronçon, et ont régulièrement des accrochages avec l'ex-rébellion Séléka, à majorité musulmane, et des membres armés de l'ethnie peul.
"Ils seraient tombés dans une embuscade, certainement tendue par des éléments armés qui écument la région. Elle [Camille Lepage] a subi des tirs et les anti-balaka ont remonté son corps et ceux de leurs compagnons [tués]", a précisé cette source. Les militaires français ont trouvé sa dépouille à bord d'un véhicule conduit par des anti-balaka.
"Des affrontements qui ont fait au moins 10 morts"
Un scénario confirmé ce mercredi par une source de la gendarmerie de Bouar. "Il y a eu des affrontements qui ont duré plus d'une demi-heure et ont fait au moins dix morts". "Au moins quatre" parmi les anti-balaka et "six" parmi leurs assaillants, "ex-Séléka et peuls armés".
C'est depuis la brève prise de pouvoir par l'ex-rebellion Séléka, entre mars 2013 et janvier 2014, que la Centrafrique a sombré dans le chaos et les violences communautaires. Face aux exactions des Séléka se sont formées les milices chrétiennes "anti-balaka", qui sèment elles aussi la terreur parmi les civils.