Des enfants "enterrés vivants", il raconte les camps de Corée du Nord

La Corée se prépare à célébrer, le 15 avril prochain, la naissance de Kim Il-Sung, le fondateur de la République démocratique de Corée. - -
"Il y avait trois chiens et ils ont tué cinq enfants". Ahn Myong-Chol, garde pendant huit ans dans les camps de prisonniers de Corée du Nord a livré un témoignage bouleversant lors d'une intervention à Genève, dans une conférence des défenseurs des droits de l'homme.
"Echappant à leurs maîtres, les chiens se sont jetés sur des enfants qui revenaient de l'école du camp. Ils en ont tué immédiatement trois, les deux autres respiraient à peine et ont été enterrés vivants par les gardes", a-t-il dit à l'AFP via un interprète.
Le lendemain, au lieu de liquider les chiens, les gardes les ont cajolés et "récompensés avec de la nourriture spéciale", ajoute Ahn avec un signe de dégoût.
Les gens sont "comme des mouches qu'on peut écraser"
Ahn, réfugié en Corée du sud, est un des témoins auditionnés par la Commission d'enquête de l'ONU qui a dénoncé dans ce rapport diffusé la semaine dernière des "crimes contre l'humanité" et a appelé la communauté internationale à réagir.
La Commission estime notamment que "des centaines de milliers de prisonniers politiques ont péri dans des camps pendant les 50 dernières années", "graduellement éliminés par des famines délibérées, le travail forcé, les exécutions, la torture, les viols".
"Les gens dans les camps ne sont pas traités comme des humains ... ils sont comme des mouches que l'on peut écraser", affirme Ahn, qui a fui la Corée du nord en 1994.
Il a servi dans quatre de ces camps du goulag nord-coréen, dans ce qui est nommé les "zones de contrôle total". Les prisonniers y travaillent de 16 à 18 heures par jour, dorment 4 à 5 heures, et reçoivent trois fois 100 grammes de bouillie pour peu qu'ils atteignent les objectifs de travail.
Ahn s'est enfui et vit en Corée du Sud
"Nous avions le droit de les tuer et si nous ramenions le corps, nous pouvions être récompensés par l'envoi à l'université", explique-t-il, affirmant que certains gardes faisaient exprès de faire sortir des prisonniers du camp pour les tuer et obtenir cette récompense.
Ahn, qui admet avoir participé aux violences mais pense n'avoir jamais tué, a été promu chauffeur, ce qui lui permet de voir de nombreux prisonniers et il découvre que certains étaient là depuis l'âge de 2 ou 4 ans, que d'autres étaient nés dans les camps. "90% d'entre eux ne savaient pas pourquoi ils étaient là."
Craignant pour son sort, Ahn profite de son camion pour se rendre à la frontière chinoise et traverser à la nage la rivière Du Man. Installé en Corée du sud, il travaillera dans une banque avant de choisir il y a trois ans de rejoindre l'ONG "Libérez le goulag nord-coréen".