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Ebola: ces faux remèdes qui nuisent au combat des ONG

Les rumeurs qui se propagent dans les zones où la maladie sévit poussent les populations au déni.

Les rumeurs qui se propagent dans les zones où la maladie sévit poussent les populations au déni. - AFP PHOTO/Carl de Souza

Oignon écrasé, bain de sel et d'eau chaude, jus de citron ou encore huiles essentielles... La peur de la maladie crée des fantasmes autour de possibles remèdes magiques, qui handicapent le combat contre l'épidémie.

Cela fait plusieurs mois que l'épidémie d'Ebola frappe l'Afrique de l'Ouest, en particulier le "triangle Ebola" composé du Libéria, de Sierra Léone et de la Guinée. Si l'épidémie foudroyante a du mal à s'enrayer (déjà près de 1200 morts), outre les hôpitaux dépeuplés et le manque d'infrastructure, c'est aussi parce que la désinformation et les rumeurs y sont pour beaucoup. Causant une peur généralisée, les croyances populaires à propos d'Ebola sont très handicapantes pour les ONG : elles poussent les populations à se soigner par elles-mêmes avec des recettes simplistes, à éviter les hôpitaux, voire à ignorer la maladie parfois considérée comme inexistante.

Un vaste complot ?

Les amateurs de la théorie du complot crient à une vaste conspiration. Le fantasme le plus répandu? Ebola, la "maladie des hommes blancs" aurait été créée de toute pièce par des sorciers occidentaux pour décimer la population d'Afrique. 

Dans le journal Le Monde, la géographe Sylvie Brunel explique que l'épidémie, qui est vécue comme une nouvelle agression extérieure, possède une aura maléfique dans ces pays où les pratiques occultes sont courantes. "Les manifestations de la maladie sont si effrayantes (…) qu'elle s'apparente à de la sorcellerie".

Le manque d'information et la peur provoque des croyances irraisonnées, comme par exemple celle qui veut qu'Ebola flotte dans l'air, explique la journaliste d'Europe 1. "C'est la bonne vieille théorie des miasmes, autrement dit l'air "infecté", battue en brèche au 19ème siècle par la médecine occidentale quand elle a découvert les microbes."

Les croyances religieuses y vont également de leur théorie fumeuse. Au Libéria, le conseil des Églises aurait affirmé que le virus était une "punition divine face aux comportements immoraux, comme l'homosexualité, qui pénètrent le pays" . Les solutions proposées pour prévenir la maladie mortelle? "Prières, repentance et jeûne pendant trois jours".

Des recettes magiques

Si au Togo, la croyance populaire serait qu'un mélange d'eau, de sel et de jus de citron pourrait prévenir la maladie, un autre remède, qui a été partagé plus de 25 000 fois sur Facebook, préconise "Un oignon bien écrasé ou pilé, une cuillerée à café de lait concentré et une cuillerée à café de poudre de Café (Nescafé)" Problème : la population y croit véritablement puisque le Mali, pays voisin, subit actuellement une pénurie d'oignon.

De prétendus guérisseurs profiteraient également du phénomène : un pasteur au Lagos aurait par exemple déclaré que poser ses mains sur une personne infectée la guérirait, comme les rois de France guérissaient les écrouelles. Des solutions aussi simplistes que des huiles essentielles ou des bains d'eau et de sel circulent sur les réseaux sociaux, comme l'indique ce tweet de l'OMS.

Bathing with salt and warm water, drinking water with salt does NOT cure #Ebola. Facts about what helps treat Ebola http://t.co/Evrm7YlsME
— WHO (@WHO) 8 Août 2014

"Les zombies ne sont plus loin de nous"

Sur les réseaux sociaux, la Chine s'affole et s'imagine littéralement des scènes de films d'horreur, raconte le magazine américain Foreign Policy. Les victimes d'Ebola, en apparence mortes, se réveilleraient "sans prévenir après plusieurs heures ou plusieurs jours", et entreraient "dans un état de violence extrême où elles mordent n'importe quel objet mouvant, y compris les animaux et les hommes". 

Le vrai remède? L'information, qui devient de plus en plus difficile à diffuser lorsque les population s'enferment dans des peurs psychotiques ou quand des personnes probablement infectées tentent de s'enfuir de leur pays.

Emma Derome