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Crash du vol MH17: le manque de sécurité du site jugé "inacceptable"

Les séparatistes prorusses auraient altéré des indices, sur les lieux du crash du vol MH17, en Ukraine.

Les séparatistes prorusses auraient altéré des indices, sur les lieux du crash du vol MH17, en Ukraine. - -

Plusieurs voix se sont élevées, ce samedi, pour dénoncer l'altération d'indices qui se serait déroulée sur le site de l'accident du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, en Ukraine. Les premiers enquêteurs sur place tentent tant bien que mal de travailler. Le compte-rendu de la journée.

L'enquête sur le crash du vol MH17 s'annonçait déjà compliquée. Elle risque de l'être encore plus. Kiev, Kuala Lumpur et plus tard Washington ont dénoncé, ce samedi, l'altération d'indices sur le site de l'accident de l'avion malaisien, sous contrôle rebelle dans l'est de l'Ukraine, témoignant des difficultés auxquelles vont se heurter les enquêteurs chargés de travailler sur la chute de l'appareil, probablement abattu par un missile.

Les États-Unis ont jugé samedi "inacceptable" le manque de sécurité sur le site du crash de l'avion de la Malaysia Airlines, en renouvelant leur appel à la préservation des preuves. "Le site n'est pas sécurisé et il y a de nombreux témoignages concernant des corps qui ont été déplacés, des morceaux de l'avion qui ont été emportés, s'accompagnant d'une potentielle falsification des preuves", a déclaré la porte-parole du Département d'État Jen Psaki lors d'une déclaration.

Par ailleurs, la journée a été animée par plusieurs sorties et avancées diplomatiques. Parmi les plus notables, la chancelière Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine sont tombés d'accord pour que le crash fasse l'objet d'une enquête internationale et indépendante sous la direction de l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI) "pour élucider les circonstances de la chute et dégager les victimes".

Devant les soupçons d'altérations de preuve, François Hollande et son homologue ukrainien Petro Porochenko ont tapé du poing. Les deux chefs d'Etat n'accepteront "aucune entrave au travail des enquêteurs", tout en soulignant "l'importance cruciale" de "preuves indiscutables" pour comprendre ce qu'il s'est réellement passé.

Des accusations émanent de Malaisie

Le ministre malaisien des Transports Liow Tiong Lai, qui doit se rendre en Ukraine samedi a d'ores et déjà déploré que "l'intégrité du site avait été compromise". "Il y a des indications montrant que des indices vitaux n'ont pas été préservés sur place. Des interventions sur la scène du crash risquent de fausser l'enquête elle-même", a-t-il déclaré. "Ne pas empêcher de telles interventions constituerait une trahison à l'égard des vies qui ont été anéanties."

Presque simultanément, le gouvernement ukrainien a accusé les rebelles, soupçonnés d'avoir abattu le Boeing malaisien, de "chercher à détruire, avec le soutien de la Russie, les preuves de ce crime international". Le site du crash se trouve en zone rebelle, près de la ville de Chakhtarsk, et le conflit armé en cours entre séparatistes prorusses, qui ont refusé un cessez-le-feu ponctuel, et le gouvernement de Kiev rend les opérations particulièrement complexes.

At least another 60 bodies bagged and placed at side of the road here. Nobody will say where they are going. #MH17 pic.twitter.com/Vo4mB9Ez0m
— Christopher Miller (@ChristopherJM) 19 Juillet 2014

Des corps transportés, des accès bloqués

"Les terroristes ont transporté 38 corps de victimes à la morgue de Donetsk, où des spécialistes parlant avec un net accent russe ont déclaré qu'ils procéderaient à leur autopsie. Les terroristes cherchent aussi des moyens de transport à grande capacité pour emporter les restes de l'avion en Russie", a indiqué le gouvernement dans une déclaration officielle. Les rebelles ont aussi été accusés de ne pas permettre aux organes compétents ukrainiens de commencer l'enquête, et de ne pas laisser les représentants et experts étrangers accéder au site du crash.

Un chef séparatiste a confirmé que des corps avaient été emmenés à la morgue de Donetsk. "27 corps ont été enlevés ce matin", a-t-il dit. Les combattants prorusses bloquaient l'accès au périmètre du crash.

Dimanche matin, les séparatistes proposaient de garantir la sécurité des inspecteurs internationaux "si le site de Kiev conclut un accord de cessez-le-feu", a indiqué l'un des dirigeants rebelles.

Les inspecteurs de l'OSCE travaillent tant bien que mal

Partout, des secouristes portant des uniformes et des gants blancs et bleus sortaient d'un champ de blé pour mettre des morceaux de corps dans de grands sacs mortuaires noirs. L'opération se déroulant à chaque fois sous le contrôle très strict des rebelles.

A Donetsk, deux combattants rebelles armés gardaient l'entrée de la morgue, interdisant de la filmer ou la photographier.

Arrivée vendredi soir, une trentaine d'inspecteurs de l'OSCE, première équipe internationale à être sur les lieux, n'a obtenu qu'un "accès limité" au site du crash du vol Amsterdam-Kuala Lumpur.

Jé. M. et D. N. avec AFP