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Charlottesville: le suprémaciste blanc David Duke avertit Donald Trump

Les secours à Charlottesville.

Les secours à Charlottesville. - PAUL J. RICHARDS / AFP

Alors qu'un suprémaciste blanc a foncé dans la foule à Charlottesville, en Virginie, samedi durant une manifestation antiraciste, tuant une jeune femme, David Duke, figure de ce racisme partisan de la ségrégation, multiplie les appels du pied au président des Etats-Unis.

David Duke, ancien militant du Ku Klux Klan et toujours militant convaincu de la cause du suprémacisme blanc, n'a évidemment pas manqué le rendez-vous de Charlottesville, aux Etats-Unis en Virginie, ce samedi.

Durant ce rassemblement, des troubles ont éclaté entre suprémacistes et antiracistes et l'un des premiers a foncé en voiture sur un groupe des seconds tuant Heather Heyer, 32 ans. Mais ce crime intéresse peu David Duke, 67 ans, très actif dans les médias ou sur Twitter depuis ce week-end. Et ses propos ne se situent jamais très loin de Donald Trump. En marge de la manifestation samedi, il déclarait ainsi:

"Nous sommes déterminés à reprendre le contrôle de notre pays. Nous allons tenir les promesses de Donald Trump. C'est pour ça que nous avons voté pour Donald Trump, parce qu'il a dit qu'il allait reprendre le contrôle de notre pays".

Les sarcasmes de Duke

David Duke faisait ici allusion à un slogan d'une campagne durant laquelle il avait apporté son soutien à Donald Trump qui, visiblement agacé, avait répondu qu'il "désapprouvait" le personnage, lors d'une conférence de presse le 28 février 2016. Le clan Trump s'était montré plus véhément encore, Eric Trump, fils du précédent, allant même jusqu'à déclarer que l'ancien cadre du KKK "méritait de se prendre une balle".

Mais David Duke doit avoir le cuir épais car, ces derniers jours, il n'a pas cessé de dialoguer, ou plutôt de monologuer, avec Donald Trump, sur Twitter. Et ça fait trois jours que ça dure. Ce samedi, un tweet du président des Etats-Unis a commencé par déchaîner les sarcasmes et l'aigreur de son encombrant soutien:

"Nous devons TOUS être unis et condamner tout ce que représente la haine. Il n'y a pas de place aux Etats-Unis pour ce genre de violence. Unissons-nous!"

Il a beaucoup été reproché à Donald Trump, jusqu'à ce lundi soir où il est sorti de toute ambiguïté, de ne pas avoir nommément réprouvé l'action des militants racistes de Charlottesville, ce simple message était déjà de trop pour David Duke. Multipliant les partages de cette publication, il a livré quelques commentaires de son cru.

"Donc, après des décennies où les Américains blancs ont été la cible de haine et de discrimination anti-blancs, nous faisons corps, et vous nous attaquez?" s'est étranglé David Duke sur Twitter, interpellant le chef de l'Etat. David Duke a poursuivi, plus acerbe:

"Je vous conseille d'y regarder à deux fois dans votre miroir et de vous souvenir que ce sont les Américains blancs qui vous ont installé à la présidence, pas les gauchistes".

Charlottesville? "Une fabrication" médiatique pour Duke

Le suprémaciste, qui est visiblement un twittos invétéré, s'est ensuite essayé à l'ironie le même jour: "Donald Trump a dit dans sa conférence de presse qu'il allait rendre l'Amérique meilleure pour tous. Les Américains blancs sont-ils inclus?" Ce dimanche, il n'a pas désarmé. Cependant, l'homme a choisi une autre approche pour se rappeler au président des Etats-Unis. Il a cru bon de comparer le drame de Charlottesville, au centre duquel on trouve le meurtre d'Heather Heyer par un suprémaciste blanc, et l'annulation chaotique d'un meeting de Donald Trump à Chicago en mars 2016.

"On se souvient tous de l'angoisse des supporters de Donald Trump à Chicago où des milliers de ces criminels ont attaqué des spectateurs paisibles." Les médias en ont aussi pris pour leur grade sur le même sujet: "Exactement comme pour le meeting de Donald Trump à Chicago, les médias se sont mis en action et nous ont reprochés à nous d'être violents."

Ce lundi, espérant toujours une réponse du président à l'évidence, David Duke a cherché à jouer sur le registre de la complicité. Evoquant l'affaire russe qui empoisonne le début du mandat de Donald Trump, il a tweeté: "Le récit médiatique et gauchiste de ce qu'il s'est passé à Charlottesville est une fabrication totale, comme leur collusion russe et leur absurdité de "privilège blanc".

Enfin, David Duke a aussi tiré par la manche l'"attorney general" (l'équivalent de notre ministre de la Justice) Jeff Sessions: "Allons-nous enfin enquêter à charge au sujet des supporters attaqués pendant des meetings de Trump par des antifascistes ou 'Black Lives Matter' et rendre les coups?" s'est-il interrogé avant d'inscrire le nom de l'homme politique. Mais Jeff Sessions a lui a opposé son silence.

Donald Trump, à Washington, est quant à lui monté au créneau. La réponse qu'il a apportée à la controverse n'était certainement pas celle qu'attendait David Duke:

"Ceux qui provoquent la violence en son nom sont des criminels et des voyous, y compris le KKK, les néo-nazis, les suprémacistes blancs et d'autres groupes haineux qui sont répugnants face à tout ce qui nous est cher en tant qu'Américains."

Robin Verner