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Lascaux 4: la réplique complète de la grotte sort de terre

La grotte de Lascaux (ici photographiée en septembre 2010) est fermée au public depuis 1963 pour la préserver de l'humidité et de la chaleur dégagées par les visiteurs..

La grotte de Lascaux (ici photographiée en septembre 2010) est fermée au public depuis 1963 pour la préserver de l'humidité et de la chaleur dégagées par les visiteurs.. - -

La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a inauguré jeudi le lancement du chantier, en Dordogne. Le complexe doit ouvrir en 2016. La véritable grotte est fermée au public depuis 1963 pour protéger ses fragiles peintures rupestres.

Encore deux ans de patience. La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a inauguré jeudi après-midi le chantier de "Lascaux 4", en Dordogne. Le vaste complexe à naître combine une réplique de la célèbre grotte et un centre consacré à l'art préhistorique, un projet aujourd'hui "prioritaire" pour l'Etat, et qui a survécu au cortège des coupes budgétaires.

Lascaux 4, qui doit ouvrir au printemps 2016, combinera un fac-similé intégral de la grotte de Lascaux, visitable en condition grâce à un système de torches interactives. Associée à des cinémas 3D et à un centre d'expositions et de conférences sur la préhistoire, elle formera un complexe de 11.000 m2 qui fera de Montignac (la commune abritant Lascaux) une véritable "capitale" de la préhistoire.

400.000 visiteurs y sont attendus chaque année.

Restrictions budgétaires

Pourtant, le financement de Lascaux 4 n'a pas été sans remous: l'Etat avait d'abord annoncé son désengagement, au nom de coupes bugétaires décidées en 2012 dans les projets culturels. Devant une levée de boucliers (région Aquitaine et département de Dordogne contribuent chacun à hauteur de 16,6 millions d'euros, sur 57 millions d'euros de budget), l'Etat avait finalement confirmé sa participation pour 4 millions d'euros à Lascaux 4, un projet culturel qualifié alors de "prioritaire".

L'Europe (12 millions d'euros), le futur exploitant (2 millions d'euros), et le mécénat via une souscription nationale (5,8 millions d'euros) doivent permettre le bouclage du financement.

Le choix de l'architecte - le cabinet norvégien Snohetta, auteur du Pavillon du Musée 9/11 a New York - en 2012 donna lieu lui aussi à une brève polémique: écarté du projet, Jean Nouvel s'en était pris au concept de "Lascaux-land" choisi, estimant qu'il ne fallait pas banaliser Lascaux par un programme "d'attractions didactiques pour grands et petits enfants".

Protéger les peintures d'origine, uniques au monde

La grotte originelle de Lascaux, joyau pariétal considéré comme la "Chapelle sixtine de la préhistoire", avait été découverte en septembre 1940 par quatre adolescents qui en firent part à leur instituteur. Les peintures et les gravures remontent à environ 18.000 ans.

L'afflux des touristes après son ouverture en 1948 a eu de telles conséquences sur son état, des moisissures se développant sur ses parois, que le ministre de la Culture d'alors, André Malraux, décida de la fermer au public en 1963.
Depuis 1983, environ 250.000 personnes visitent chaque année Lascaux 2, une réplique d'environ 80% des fresques, aménagée à flanc de colline, à quelques centaines de mètres de la véritable grotte.

Mais le flux de visiteurs et véhicules endommage la colline de Lascaux, d'où la nécessité de la "sanctuariser", en créant une nouvelle réplique, Lascaux 4, à la fois plus spacieuse et plus éloignée du site préhistorique, à 1 km environ.

Pendant ce temps, Lascaux 3, exposition-réplique itinérante de la grotte, suit son tour du monde lancé fin 2012. Inaugurée à Bordeaux, elle a passé plusieurs mois à Chicago puis Houston, et vient de s'installer à Montréal jusqu'en septembre; Bruxelles, Philadelphie, Shanghai, Tokyo figurent parmi les options des années à venir.

V.R. avec AFP