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"Soulagé", "assez déçue": les familles des victimes des effondrements de la rue d'Aubagne réagissent après le jugement

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Six ans après les effondrements de la rue d'Aubagne, à Marseille, qui ont causé la mort de huit personnes, 16 prévenus ont comparu devant le tribunal correctionnel de Marseille. À l'annonce des jugements, les familles et avocats des victimes étaient mitigés.

Après les jugements du procès des effondrements mortels de la rue d'Aubagne, à Marseille, des familles de victimes ont réagi, ce lundi 7 juillet. Si certains saluent "une très bonne décision", d'autres déplorent des actes "pas suffisamment forts".

Parmi les 16 prévenus jugés, le tribunal correctionnel de Marseille a condamné trois copropriétaires, à des peines de prison ferme.

Parmi eux, des membres d'une même famille louaient un logement situé au 65 rue d'Aubagne, qui s'est effondré le jour du drame il y a sept ans.

Ils ont été condamnés à quatre ans de prison dont deux avec sursis pour Gilbert A., trois ans dont un an ferme pour son fils Sébastien A. Sa femme, Martine A., a écopé de trois ans de prison avec sursis.

"Un moment qu'on attendait"

"Un grand soulagement pour moi et ma famille" a salué Imane Saïd Hassani, fils d'Ouloume, une victime du logement loué, au micro de BFMTV. "Je suis soulagé, c'est un moment qu'on attendait depuis très longtemps. On voulait des sanctions très sévères."

"On voulait que la justice envoie un message fort aux autres bailleurs. On ne veut plus que le mal-logement tue à Marseille", a-t-il ajouté, déplorant, par ailleurs, les comportements "pas exemplaires" des trois prévenus depuis le début du procès.

De son côté, Liliana Lalonde, mère de Julien Lalonde, mort dans les effondrements, s'est dit en revanche "assez déçue" du jugement, qu'elle souhaitait "un peu plus consistant". Le propriétaire du logement loué par son fils a été relaxé ce lundi.

"J'attendais beaucoup, un grand message pour spécifier clairement quel était le rôle des marchands de sommeil, pour éviter que ça ne se répète. Envoyer un message important pour les condamner, c'est très bien, mais ce n'est pas suffisamment fort."

En sortant de l'audience, des habitants de Marseille, venus en nombre écouter cette décision dans une ville minée par le logement indigne, ont crié "assassins" quand les principaux prévenus sont passés devant eux.

"C'est un jugement qui est quand même assez clément (...), on attendait quand même plus. Et effectivement, on est encore sous le choc", a réagi Anissa Harbaoui, coprésidente de l'Assemblée des délogés, regrettant qu'il n'y ait "aucune peine de prison ferme", assimilant les peines sous bracelet électronique à du sursis.

Un combat contre le logement indigne

Comme Imane Saïd Hassani, Liliana Lalonde rappelle l'importance de "se battre pour les vivants et ceux qui peuvent demain périr dans un logement indigne". Cette problématique, majeure à Marseille, a été au cœur du procès.

"On est satisfait que la faute de gourmandise, de paresse, d'orgueil ait été sanctionnée par le tribunal en reconnaissant l'existence de la problématique du logement indigne, de sanctionner les propriétaires indigents qui n'ont pas pris la mesure de ce que c'est d'être propriétaires", a exprimé Brice Grazzini, un des avocats des parties civiles à l'issue du procès.

Parmi les prévenus condamnés ce lundi, la peine la plus sévère, de quatre ans de prison dont deux ans ferme à effectuer sous bracelet électronique, a été infligée à Xavier Cachard, alors élu au conseil régional, coupable, avec le syndic de l'immeuble, des "fautes les plus graves" dans ce dossier, a estimé le tribunal correctionnel.

Alors adjoint au maire de Marseille Jean-Claude Gaudin et chargé notamment du logement insalubre, Julien Ruas a été condamné à deux ans de prison avec sursis et une interdiction d'exercer une fonction publique pendant cinq ans.

L'architecte Richard Carta, qui avait bâclé une visite de l'immeuble quelques jours à peine avant le drame, laissant aussitôt les habitants réintégrer leurs appartements, a eu la même peine, assortie d'une interdiction définitive d'exercer ce métier. Au total, dix prévenus ont finalement été condamnés.

Arthus Vaillant