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"Un vrai scandale": une enquête ouverte sur la gestion du Grand prix de France du Castellet

Les résultats d'un audit financier ont été présentés au conseil d'administration du groupement à la tête du Grand prix. Ils font état d'une dette de plus de 32 millions d'euros.

C'est une affaire qui divise les figures politiques azuréennes. Une enquête est en cours autour de la gestion du Grand prix de France de Formule 1, qui se tenait au Castellet jusqu'en 2022, alors même que les résultats d'un audit interne ont été présentés mercredi au conseil d'administration du Groupement d'intérêt public (GIP) qui gère le Grand prix.

Et pour cause: le groupement est aujourd'hui endetté à hauteur de 32 millions d'euros, une dette plus grande encore que les 27 millions d'euros initialement annoncés.

Le document présenté mercredi au conseil d'administration du GIP, consulté par Valeurs actuelles, révèle plusieurs postes de dépenses posant question: de nombreux frais de représentation, des bureaux parisiens luxueux, ou encore le manque de grille salariale.

Autant de soupçons d'irrégularités qui seront scrutés par les enquêteurs de la police judiciaire de Toulon, à qui ont été confiées les investigations.

"Le compteur doit s'arrêter de tourner"

Au-delà d'une terrible situation financière, la gestion du Grand prix donne lieu à une véritable passe d'armes entre les différentes figures politiques azuréennes. Car la métropole de Nice fait notamment partie des actionnaires du GIP à la tête du Grand prix, et avait même voté une enveloppe de cinq millions d'euros pour contribuer au remboursement de la dette. Un "vrai scandale" pour l'opposition écologiste, qui estime que la métropole n'a pas à payer cette somme.

"On a autre chose à faire que financer un événement qui n'a même pas eu lieu dans notre département. Le Castellet, c'est à 200 kilomètres de Nice", martèle Jean-Christophe Picard, conseiller métropolitain du groupe écologiste, auprès de BFM Nice Côte d'Azur. "On a financé pendant cinq ans à hauteur de deux millions par an, aujourd'hui on refinance cinq millions, on va encore financer plus tard parce qu'il y aura encore à payer."

Aujourd'hui, les actionnaires s'accordent à demander la dissolution du Groupement d'intérêt public. "À l’échéance du contrat qui le liait à Formula One Management, le Groupement d’intérêt public du Castellet, fondé pour accueillir le retour du Grand prix de Formule 1 en France, est donc désormais sans objet. Sa dissolution doit être prononcée", affirme le maire de Nice et président de la métropole Nice Côte d'Azur, Christian Estrosi.

"Aujourd’hui, l’existence même du GIP n’a ni objet, ni sens, et plusieurs prestataires attendent toujours de voir leurs factures payées, pendant que le fonctionnement du GIP continue de façon totalement artificielle. Je le dis, je le répète : le compteur doit s’arrêter de tourner", confirme le président de région Renaud Muselier dans un communiqué.

Opposition avec le département et la métropole de Toulon

Le président de région avait par ailleurs souhaité que tous les actionnaires du groupement "payent leur dette" pour rembourser les derniers prestataires avant la dissolution du GIP, rapportaient en début de semaine nos confrères de Var-Matin.

Mais toutes les parties ne sont pas d'accord pour payer la facture de cette dette astronomique. Le département du Var et la métropole de Toulon ont déjà annoncé ne pas vouloir payer les pots cassés.

Jean-Louis Masson, président du département, avait notamment déclaré en juillet dernier qu'il n'était "pas question de payer avant de comprendre les raisons de cette dette colossale".

Selon Var-Matin, un deuxième conseil d'administration doit se tenir la semaine prochaine pour prendre des décisions, notamment concernant de possibles suites judiciaires.

Cédric Adam avec Laurène Rocheteau