Au Financial Times, un programme informatique alerte les journalistes qui ne citent pas assez de femmes

Le Financial Times oeuvre en faveur d'une meilleure représentativité des femmes. - NIKLAS HALLE'N / AFP
Au Financial Times, c'est un "bot" qui viendra taper sur les doigts des journalistes les moins à même de solliciter des femmes. D'après le Guardian, un petit programme informatique a été intégré à l'outil rédactionnel du grand quotidien économique, pour envoyer une notification aux journalistes qui citent essentiellement des hommes dans leurs articles.
Destiné aux "décideurs" et aux hommes et femmes d'affaires, le Financial Times garde une image masculine. Le quotidien a récemment réalisé qu'une minorité des citations de ses articles, soit 21%, étaient attribuées à des expertes. Et si ces dernières sont relativement bien représentées dans les articles liés au système de santé britannique, à l'immigration américaine et à la régulation de la tech à Bruxelles, tel n'est pas le cas pour les contenus relatifs à l'industrie pétrolière, aux banques et au commerce. En France, le collectif "Les Expertes" propose depuis plusieurs années de trouver des femmes à même de prendre la parole sur ces sujets jugés plus masculins.
De nouvelles abonnées
Ce nouvel outil vient s'ajouter à une série de mesures pour faire apparaître plus de femmes dans les colonnes du quotidien. La rubrique Opinions du journal respecte désormais une nouvelle règle de base : une tribune sur trois ou quatre doit être signée d'une plume féminine. Le journal a également pris soin de rendre le formulaire de soumission des tribunes "plus clair, plus inclusif, moins intimidant et qu'il souligne mieux qu'il n'a pas besoin d'être le plus grand expert sur son domaine pour écrire chez nous", indique auprès du Nieman Lab Renée Kaplan, responsable de l'engagement au sein du Financial Times. Il n'aura fallu que quelques jours pour voir affluer les candidatures féminines.
Au-delà des motivations politiques, de telles améliorations viennent servir des intérêts économiques. Le journal, dont le lectorat est composé à 80% d'hommes, doit se tourner vers les femmes pour continuer à grandir et à engranger des abonnements. Or, selon des études internes, les lectrices ont tendances à "fuir" devant les articles du média "où ne parlent que des hommes". "Les femmes trouvent que notre ton est un peu trop rébarbatif et qu'elles ne s'y reconnaissent pas vraiment", complète Renée Kaplan. A la simple question de savoir à quoi ressemblerait le Financial Times, la réponse des femmes en dit encore long: "à un homme"".