Tech&Co
Twitter

Twitter a bien mis en place des outils pour réduire la visibilité de certains comptes

placeholder video
Un nouveau lot de révélations sur le fonctionnement de Twitter avant l’arrivée d’Elon Musk a été publié. Cette fois, les documents montrent comment des contenus ont été écartés des fils d’actualité.

Après Matt Taibbi, c’est au tour de Bari Weiss de dévoiler les dessous de Twitter. Depuis son rachat de la plateforme, Elon Musk a eu accès à des informations concernant le fonctionnement du réseau social avant son arrivée et ne se prive pas d'en donner accès à certains journalistes. Si le premier lot de révélations ne s’est pas montré très convaincant, le second nous apprend comment les équipes de modération faisaient en sorte que certaines publications restent bien cachées.

C’est à nouveau à travers une série de tweets que les "Twitter Files" ont été distillés. A travers des citations et des captures d’écran, la journaliste Bari Weiss explique les mécaniques mises en place pour faire en sorte qu’un utilisateur soit exclu de certaines parties de l’application.

Une mise à l'écart non-reconnue

Ainsi, la constitution de listes noires aurait permis à Twitter d’empêcher aux publications de certaines personnalités d’apparaître dans les tendances, dans les recommandations, ou même dans les recherches internes de l’application.

Cette gestion de l’affichage et de l’exposition des tweets est appelée "shadow ban" (bannissement fantôme). Il s’agit d’un contrôle des publications d’un compte alors qu’il ne fait pas l’objet d’une sanction. Selon Bari Weiss, Twitter s’était défendu de pratiquer cette mise à l’écart en 2018, par la voie de deux responsables: Vijaya Gadde, responsable de la politique juridique et de la confiance, et Kayvon Beykpour, chef des produits.

“Nous ne pratiquons pas le 'shadow ban'. Et nous ne le faisons certainement pas sur des bases de points de vue ou d’idéologie politiques”, expliquaient-ils.

Les Twitter Files mettent donc le doigt sur une incohérence. Car Twitter avait annoncé publiquement en mai 2018 - et même convié des journalistes pour en discuter - mettre en place des outils de modération pour limiter l'affichage de certaines publication, rappelle le journaliste Will Oremus du Washington Post.

Cette mesure avait même fait l'objet d'un article de blog de la part de Twitter. L'objectif était de rendre moins visible les publications de comptes souvent signalés. Ainsi, les utilisateurs pourraient bénéficier d'une "conversation saine", comme l'avait détaillé l'entreprise. Mais toujours sans utiliser le terme "shadowban".

Des filtres de visibilité

Au travers de ses tweets, Bari Weiss ne dévoile donc pas un scoop. Elle montre simplement des captures d’écran où figurent les filtres actifs sur différents comptes, jusque-là gardés secret. Il est possible d’y lire des mentions comme "ne pas amplifier", "blacklist des recherches" ou encore "blacklist des tendances".

D'ailleurs, Business Insider pointe que le nouveau patron a, lui-aussi, envisagé de prendre de telles mesures. Le 2 décembre, lorsqu'il annonçait (à tort) que les propos haineux diminuaient sur Twitter, Elon Musk précisait : "La liberté d'expression ne signifie pas liberté d'exposition. La négativité devrait avoir et aura moins de visibilité que la positivité."

Là où Elon Musk veut en venir, c’est que ces "filtres de visibilité" sont appliqués à des personnalités conservatrices, issues de l’extrême-droite ou encore à des personnes remettant en cause les mesures relatives à la pandémie de Covid-19. La seconde fournée des Twitter Files montrerait ainsi le parti pris politique de la plateforme.

Suite à ces révélations, le nouveau patron a indiqué qu’une mise à jour allait permettre de voir si votre compte a été touché par certains filtres de visibilité. "Pour que vous sachiez clairement si vous avez été banni, pourquoi et comment faire appel", explique Elon Musk.

Pierre Monnier