On a essayé l'étrange casque audio de Dyson qui purifie l'air que vous respirez
Ce n’était donc pas un poisson d’avril. Annoncé le 30 mars, une période peu propice pour rendre crédible des innovations inattendues, le Dyson Zone est en passe de devenir réalité. En visite à Malmesbury, le campus de l’entreprise britannique situé à l’ouest de Londres, à quelques encablures du Pays de Galles, Tech&Co a pu avoir un premier aperçu du casque audio avec purificateur d’air que l’entreprise s’apprête à mettre en vente.
Il aura fallu six ans à Dyson pour concevoir son produit, bien avant le Covid et ses conséquences. L’idée est alors de créer un purificateur d’air transportable pour faire face à la pollution et répondre aux difficultés de la qualité de l’air dans le métro londonien -plus pollué que la surface-, les rues de New York et là où la population urbaine a potentiellement du mal à bien respirer.

"L’idée est venue de notre compréhension de la pollution de l’air provenant de notre gamme de purificateurs domestiques", explique à Tech&Co James Terry-Collins, directeur des produits wearables chez Dyson, qui reconnaît qu’il manquait un produit pour pouvoir connaître aussi la qualité de l’air en extérieur.
"Nous avons donc commencé à réfléchir à la manière dont nous pourrions relever ce défi à l’extérieur de la maison tout en examinant aussi la pollution sonore et l’ampleur du problème", ajoute-t-il. "Plus de 100 millions de personnes vivent exposées à des niveaux de pollution sonore préjudiciables pour la santé."
Six ans pour voir le jour
Voici donc un produit nomade deux-en-un qui pense à votre santé et à votre audition, et se présente sous la forme d’un casque audio, un peu massif, mais assez classique dans sa forme, avec visière. Première bonne surprise, il s’adapte à n’importe quelle forme de tête et son port est assez agréable. Il faut dire que Dyson a testé une douzaine de prototypes avant de trouver le bon équilibre "pour toutes les formes et toutes les tailles de tête". Le renfort autour de l’arceau s’avère particulièrement agréable et permet de soutenir le poids des écouteurs sans que cela ne pèse trop sur la tête.

Au niveau du design global de l’appareil, on retrouve la touche Dyson avec les grilles d’aération sur les côtés dont la forme légèrement conique rappelle celle de la turbine des aspirateurs sans sac et leur force cyclonique. À l’intérieur, on trouve des filtres électrostatiques pour les particules polluantes les plus petites (99 % sont capturées) et des filtres au carbone enrichi en potassium pour la pollution urbaine courante. Attention, ce n’est pas un masque anti-Covid, mais bel et bien un système pour améliorer l’air que vous respirez et qui vous est envoyé sous le nez et la bouche.
Si la visière fait un peu plastique et peu solide avec sa souplesse pour s’ajuster parfaitement (elle dispose d’un système coulissant pour se régler à proximité du visage sans le toucher), il n’en est finalement rien. Elle est intelligemment conçue pour que le flux d’air réglable circule dans le couloir prévu (trois vitesses et un mode automatique selon l’intensité de votre activité). La sensation est assez étrange la première fois que l’on positionne cette sorte de "cache" devant soi et que l’on sent un courant d’air passer. Mais on ressent rapidement qu’il est "plus pur".

Un casque audio haut de gamme
Le Dyson Zone est une prouesse technologique pour miniaturiser de la sorte un système de purification d’air sans module supplémentaire à porter. Mais il n’en oublie pas d’être aussi un casque pour écouter sa musique et cela surprend sans doute encore plus. Dyson n’est pas connu pour son expertise musicale et l’entreprise le sait. L’équipe d’ingénieurs qui travaillait sur l’expérience audio du projet de voiture finalement abandonné a été rebasculée. Avec la même expertise scientifique et le soin apporté à trouver un son qui convienne au plus grand nombre, ils ont donc conçu une identité sonore plutôt surprenante, équilibrée et assez fidèle, avec un son spatialisé de haut vol.
On ne note quasiment pas de distorsion, une latence inexistante et une bonne isolation passive le casque sur la tête. L’égaliseur de l’application vient compléter les ajustements de réglage pour que chacun y trouve son compte auditif. Dyson a même décidé de proposer une bande de fréquence bien supérieure à ce que l’oreille peut percevoir (6 Hz-21 kHz), sans doute pour compenser aussi la gêne potentielle des compresseurs du purificateur si près de l’ouïe.

Mais c’est surtout la réduction de bruit active (ANC) qui impressionne. Dyson a doté son casque de 11 micros dont huit sont dédiés à contrer les bruits environnants, du monde qui vous entoure comme du système de moteur embarqué. Car le défi était là: faire oublier la présence du purificateur d’air qui se déclenche dès que vous ajoutez la visière (le reste du temps, des mesures de pollution de l’air sont prises et répercutées dans l’application Dyson pour permettre aussi une cartographie de la qualité de l’air dans le monde). Et on ne l’entend pas quand on écoute sa musique. Il faut même avouer que, ANC activée, on n’entend absolument rien ni personne. Certains fabricants dont l’audio est le métier risquent d’en prendre ombrage…
Deux autres micros servent aussi à optimiser la qualité de la voix en cas d’appel, de contrôle vocal ou d’enregistrement avec la technologie de beamforming qui crée un faisceau centré sur la voix pour entendre et être mieux entendu.
Un prix qui risque de s'envoler
Même à une époque où le port du masque est devenu monnaie courante, sortir dans la rue et porter un tel dispositif n’est pas des plus simples. Le Dyson Zone est une bonne idée, mais un peu trop encombrante et esthétiquement difficile à assumer pour beaucoup. En revanche, après nos premières heures d’essai, la qualité audio est sans doute le point qui nous a le plus étonnés. Dyson réussit un sacré tour de force sur la réduction de bruit alliée à une écoute plutôt pointue, sans avoir dû s’appuyer sur une aide extérieure. Pour une première, c’est extrêmement encourageant.

Le casque Dyson Zone sera mis en vente dès janvier en Chine, puis en mars aux États-Unis, au Royaume-Uni, à Hong-kong et Singapour. L’Europe devrait être servie par la suite. Aucun prix n’a été communiqué, mais, entre l’innovation, la technicité et la qualité audio, l’on devrait s’approcher aisément des 1000 euros. Bloomberg annonçait même près de 950 dollars pour le marché américain.