Pour se former, certains chirurgiens regardent des vidéos sur YouTube

Sur la plateforme appartenant à Google, les vidéos d’actes chirurgicaux se sont multipliées ces dernières années. Des spécialistes appellent à une meilleure régulation de ces contenus.
Sur YouTube, les “tutos” ne se limitent pas au maquillage ou à la décoration d’intérieur. Comme le rapporte la chaîne américaine CNBC, les vidéos liées à la chirurgie se multiplient depuis plusieurs années sur la plateforme. Et elles sont de plus en plus utilisées à des fins de formation par des étudiants en médecine, mais également par des chirurgiens déjà en exercice.
Dans une enquête publiée fin novembre, CNBC évoque l’apparition de milliers de vidéos d’opérations chirurgicales, dont certaines rencontrent un important succès. Ainsi, les images d’une opération de la cataracte cumulent à ce jour 1,8 million de visionnages. Elles ont été mises en ligne par un centre d’ophtalmologie du New Jersey (Etats-Unis) en mars 2013.
20.000 vidéos d’opération de la prostate
Mais tous les contenus ne proviennent pas de sources fiables. Le média américain mentionne une étude publiée en octobre 2019, qui a dénombré environ 20.000 vidéos liées à des opérations de la prostate sur YouTube. Menée par Matthew Farag, urologue australien, elle conclut à une utilisation croissante de la plateforme vidéo par les jeunes médecins et souligne la nécessité d’évaluer ces séquences par des professionnels.
Deux ans plus tôt, une étude menée auprès des étudiants en chirurgie de l’Université de l'Iowa montrait que YouTube constituait la principale source d’information vidéo pour se préparer à une intervention.
Une troisième étude mentionnée par CNBC se révèle plus inquiétante. Portant sur près de 70.000 vidéos d’immobilisation du poignet après une fracture distale du radius, elle conclut que seules seize d’entre elles ont les qualités requises pour être utilisées à des fins de formation. Là encore, la nécessité de réaliser un tri dans ces contenus et de les faire certifier par des professionnels est soulignée.
D’après les travaux menés par l’équipe de Matthew Farag, l’algorithme de YouTube mettrait régulièrement en avant des vidéos d’actes chirurgicaux mal pratiqués, pouvant se révéler dangereux pour le patient.
Raphaël GRABLY
Chef de service
Votre opinion