Eclairage connecté: un Français sur deux ne veut pas succomber

S’éclairer connecté pour améliorer son quotidien, automatiser sa maison pour faire des économies d’énergie comme d’argent. Sur le papier, cela semble prometteur. Dans les esprits, cela n’est pas encore aussi simple ou, tout du moins, aussi séduisant.
Selon une étude réalisée par Ipsos*, 51% des personnes interrogées sont même réfractaires à adopter des solutions connectées quand 17% ont déjà franchi le pas. Seulement 23% se disent intéressées. Beaucoup y voient encore un côté gadget (28%) et ne ressentent pas le besoin de changer ses éclairages en ampoules ou rubans connectés (26%). Si 60% des Français envisagent de remplacer leurs éclairages par des ampoules LED, ils ne sont que 11% à songer à des solutions connectées. "Mais très peu reviennent en arrière une fois qu’ils s’y sont mis", souligne Christophe Bresson, directeur communication de Signify, le groupe qui détient les marques Philips Hue ou encore Wiz.
Le contrôle de la voix avant le divertissement
Pour ceux qui sont déjà équipés ou bien qui seraient tentés, les attraits sont divers: le contrôle des éclairages à distance ou à la voix (33%), l’automatisation et les routines (25%). Des usages très pratiques qui placent le bien-être (19% sont attirés par la création d’ambiance) et le divertissement assez loin (11%). Pourtant, cela pourrait être une aide importante, notamment la gestion à distance ou le côté réduction d’énergie, dans les bons comportements pour l’environnement.

L’étude montre que 45% des Français se disent sensibles à l’éco-responsabilité du produit (catégorie énergétique, durabilité…), mais on note encore une part importante de personnes qui reconnaissent oublier d’éteindre la lumière en quittant une pièce (11% et même 19% chez les 18-34 ans). Un problème que permet de régler le contrôle depuis son smartphone de ses éclairages, même loin de chez soi.
Un phénomène de mode
Mais ce qui ressort de l’étude, c’est l’aspect pratique peu perçu par les 2000 personnes interrogées. L’arrivée de la technologie dans l’éclairage ne parvient pas à séduire totalement la majorité qui voit encore ça comme un phénomène de mode et n’en perçoit pas les avantages potentiels, à la maison comme ailleurs.
La peur de se lancer dans des travaux ou des installations complexes semble aussi un frein à la généralisation. "Les technologies font peur, les mots qui vont avec aussi", reconnaît Anne-Marie Simonetti, chargée de mission au sein de l’Agence Française pour l’Energie. "Il y a un besoin de pédagogie. Pourtant, il y a des solutions sans avoir besoin de modifier son installation électrique, via des applications. Le pilotage par la voix est une véritable aide pour les personnes moins à l’aise avec le numérique."
Pourtant, 63% des Français rêvent d’une maison intelligente où tout serait simplifié d’un geste ou à la voix (enquête Rothelec sur la maison connectée, novembre 2022). Beaucoup d’espoir de voir l’éclairage et la domotique se généraliser reposent sur Matter, qui doit permettre d’uniformiser les installations et les passerelles pour utiliser n’importe quel produit avec n’importe quel système ou assistant vocal. Mais aussi sur un besoin des utilisateurs de comprendre que l’intérêt du connecté va au-delà du simple ajout technologique.
L'éclairage, le "parent pauvre" du confort
"Il faut aussi informer sur les bienfaits de la lumière. On a tendance à oublier que le bon éclairage au bon moment est important pour notre bien-être", note Nadège Di Bernardo, architecte d’intérieur chez NDB Design. "La température des couleurs avec des lumières plus dynamiques en journée pour travailler chez soi et plus apaisées le soir pour revenir au calme, des éclairages adaptés et bien orientés selon les pièces sont essentiels pour notre horloge biologique."
Et de regretter que l’éclairage soit le "parent pauvre d’un budget emménagement ou design."
"On pensait que cela viendrait des jeunes plus sensibles à la technologique, mais trop peu voient la lumière comme une source de confort en général, connectée ou non", regrette-t-elle, soulignant pourtant les vertus d’une automatisation par exemple des lumières en suivant le rythme circadien, l’activité pratiquée ou la pièce dans laquelle on se trouve.

De manière générale, l’étude pointe du doigt l’aspect "consommable" attribué à l’éclairage par les Français. 55% des personnes interrogées lui trouvent un avantage selon le moment de la journée ou la tâche à réaliser, 35% s’arrêtent sur l’usage pratique. L’idée de "bon éclairage" rime avant tout avec économies d’énergie (69%), longue durée (55%) et éco-responsabilité (49%). L’aspect design ou encore le confort visuel assuré par un bon éclairage récolte moins de la moitié des suffrages, tout en restant plus élevé chez les plus de 55 ans (43%).
* Etude Ipsos réalisée par internet via la plateforme Ipsos.Digital du 9 au 13 décembre 2022 auprès de 2000 individus de 18 à 75 ans.