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Meta (Facebook) interdit à ses employés de discuter de l'avortement en interne

Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg.

Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg. - Josh Edelson - AFP

La Cour suprême américaine a fait exploser la semaine dernière les garanties du droit à l'avortement. Meta, maison-mère de Facebook, interdit à ses employés d'en débattre librement.

La décision a provoqué un mouvement d'indignation dans le monde entier. La Cour suprême américaine, désormais très conservatrice, a décidé la semaine dernière de ne plus protéger le droit à l'avortement dans tout le pays. Mais au sein de Meta, nouveau nom de Facebook depuis fin octobre, il est prohibé de débattre du sujet.

Le groupe a interdit à ses employés dès vendredi dernier de discuter du droit à l'avortement sur les canaux de communication, rapporte le New York Times.

Sur la plateforme interne de l'entreprise, baptisée Workplace, les messages publiés évoquant le sujet sont "rapidement enlevés" par des modérateurs, explique un ingénieur du groupe, Ambroos Vaes, dans une publication LinkedIn. Et de poursuivre : "Je n'ai jamais été autant déçu par [cette] entreprise." Cette politique a suscité "de la frustration et de la colère" parmi les équipes, abonde le journal américain.

Bannir les conversations "politiques et sensibles"

Pour justifier cette décision, Meta renvoie à sa politique interne, officialisée dans un mémo diffusé le 12 mai. Le géant américain y indiquait mettre "des garde-fous solides autour des conversations sociales, politiques et sensibles" sur le lieu de travail, rapporte le New York Times.

"Discuter ouvertement de l'avortement au travail présente un risque accru de créer un environnement de travail hostile", indique explicitement le mémo.

La direction a donc pris "la position de ne pas autoriser une discussion ouverte", toujours selon le mémo.

Cette politique avait déjà été dévoilée par The Verge en mai dernier, suite à sa diffusion en interne. La vice-présidente des ressources humaines, Janelle Gale, avait alors déclaré que l'avortement était "le sujet le plus controversé et le plus signalé" par les employés sur la plateforme interne, rapportait le site américain.

L'une des vice-présidentes de Meta, Naomi Gleit, avait précisé que les employés pourront discuter du droit à l'avortement au travail avec leurs collègues "de confiance dans un cadre privé" et dans des "petits groupes de parole, avec au maximum 5 personnes en accord sur le sujet".

Régulièrement critiqué pour ses règles de modération jugées laxistes sur ses réseaux sociaux, Meta se pose comme défenseur de la liberté d'expression dans le débat public. Pourtant en interne, ce n'est pas la première fois que le géant américain impose des règles strictes à ses employés. Des salariés auraient ainsi été empêchés d'enquêter sur les biais racistes des algorithmes en juillet 2020.

Anaïs Cherif