Nuisances, environnement: pourquoi les influenceurs sont bannis de cafés et lieux culturels

Dégats environnementaux, nuisances pour les riverains, fréquentation incontrôlable: pour se protéger, certains lieux ont décidé d'interdire les influenceurs.

Ils sont devenus "victimes de leur succès": surmenés par l'enthousiasme de dizaines d'influenceurs, de plus en plus de cafés, restaurants ou lieux touristiques mettent le holà.

Ces adeptes des réseaux sociaux, qui viennent en grand nombre en quête de la photo parfaite, ou encore ces "influenceurs voyage" dont les comptes dépaysent quotidiennement peuvent parfois avoir un impact plus que négatif sur les lieux qu'ils mettent en valeur.

C'est le cas en France, par exemple, de la rue Crémieux: cette ruelle aux maisons colorées du 12e arrondissement parisien a adopté une politique anti-photo depuis 2019, pour protéger la tranquilité de ses riverains.

Des dégâts à plusieurs niveaux

Mais le succès grandissant d'année en année des réseaux sociaux, sur lesquels les jeunes passent plusieurs heures par jour, ne laisse pas de répit aux endroits "instagrammables". Aux États-Unis, fin septembre 2023, la ville de Pomfret, dans le Vermont, connue pour ses belles couleurs d'automne, a interdit l'accès à certains de ses points de vue entre septembre et octobre, invoquant "de considérables problèmes de sécurité, d'environnement, d'esthétique et de qualité de vie" pour ses habitants, rapporte la chaîne américaine NBC News.

Les pics de fréquentation, impulsés par les influenceurs et leurs photos et vidéos dépaysantes, peuvent avoir des conséquences néfastes pour l'environnement et la qualité de vie dans ces lieux.

En 2022, des cultivateurs de tulipes dans les Alpes de Haute-Provence ont tiré la sonnette d'alarme face aux touristes venant par dizaines lors des périodes de floraison, marchant dans les champs et mettant à mal le bon développement des bulbes.

Les désavantages de l'influence sont parfois tels qu'ils conduisent les autorités à interdire l'accès à des lieux entiers. C'est le cas au Népal, depuis l'été 2022, où un certain nombre de lieux historiques et culturels voient leur accès régulièrement clos pour éviter l'afflux de touristes drainé par les influenceurs.

En plus de nuire aux résidents, ces derniers ont déploré la destruction de champs de fleurs, mais aussi le comportement parfois irrespectueux des jeunes tiktokeurs.

Trop photogénique

Même son de cloche pour certains cafés et restaurants, dont le seul tort a été d'être trop photogénique. Le café Take Dae, à Brooklyn (New-York) s'est vu contraindre d'interdire définitivement les photos et vidéos dans l'établissement en raison de hordes d'influenceurs munis de trépieds et tripodes, faisant augmenter la fréquentation du lieu au point que ses gérants ne puissent plus suivre le rythme, détaille le média new-yorkais Curbed.

"La réalité, c'est que certains commerces ne sont pas adaptés au flux de personnes que les influenceurs peuvent attirer, ce qui peut conduire à nuire à leur activité plutôt qu'à leur bénéficier", affirme Sarah Blocksidge, directrice marketing, auprès du média spécialisé Mashable.

Les commerces préféreront donc miser sur une clientèle discrète mais adaptée à leur offre, plutôt qu'au succès envahissant des réseaux sociaux.

Victoria Beurnez