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Pourquoi les cheat codes ont (quasiment) disparu des jeux vidéo?

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Passage obligé pour les développeurs dans les années 90 et 2000, les codes de triche ne sont désormais plus en odeur de sainteté.

A une époque pas si lointaine, ils étaient omniprésents dans les magazines de jeux vidéo: que ce soit pour passer un niveau trop compliqué ou pour s'amuser après avoir terminé le jeu, les cheat codes étaient une normalité.

Il suffisait alors de réaliser la bonne combinaison de boutons sur la manette ou de rentrer le bon mot de passe sur son PC pour devenir invulnérable, faire apparaitre un niveau secret ou obtenir autant d'armes que possible. Mais c'est pratiquement de l'histoire ancienne, seuls quelques jeux – à commencer par les Sims – continuent de proposer ces codes de triche.

Un code contre la censure

L'histoire des cheat codes débute en 1986 avec le fameux Konami Code. Créé par Kazuhisa Hashimoto, qui s'occupait du portage sur Nintendo NES du jeu de tir Gradius. Le jugeant trop difficile, il décida d'intégrer au jeu un code pour augmenter les pouvoirs du vaisseau.

Le fameux Konami Code
Le fameux Konami Code © DR

En réalité, Hashimoto n'a pas créé le Konami Code pour s'amuser mais pour avancer plus rapidement dans le jeu et vérifier les bugs. C'est d'ailleurs de cette manière que les cheats codes vont réellement émerger dans les années 1980 et 1990.

"J'ai ajouté des codes de triche pour m'aider à développer des jeux", résumait ainsi Scott Miller, fondateur du studio 3D Realms (Wolfenstein 3D, Duke Nukem…). En clair, les programmeurs ont avant tout placé des codes pour débugger les jeux, à une époque ou les patchs et mises à jour n'existaient pas.

Puis ces cheats codes ont évidemment terminé dans les magazines spécialisés, si bien qu'il devenait presque inconcevable de ne pas en placer dans sa cartouche ou son CD-ROM. En 1992, les développeurs du jeu très controversé Mortal Kombat ont même eu l'idée de créer un code (ABACABB) qui débloque les scènes les plus violentes du jeu.

Irréductibles

Le virage viendra au début des années 2000 avec l'arrivée d'internet. Dès lors, les bugs des jeux sont plus facilement corrigés en proposant des patchs à télécharger. Surtout, les éditeurs ont une idée géniale pour leurs finances: faire payer les contenus additionnels comme les objets cachés. Plus besoin, donc, de proposer des armes ou des niveaux à débloquer par un code puisqu'il suffit de vendre des contenus additionnels.

L'autre raison de la fin programmée du cheat code est le développement du jeu en ligne où les tricheurs sont désormais une plaie.

Enfin, le niveau de difficulté des jeux vidéo a radicalement changé: les éditeurs privilégient souvent des histoires plus fouillées qui se vivent comme des expériences ludiques qu'il faut boucler comme on se doit de terminer un film. Dès lors, les jeux solo sont devenus beaucoup plus simples. Trop simple pour un "god mode" qui permet au personnage de devenir invulnérable.

Reste encore quelques irréductibles studios encore attachés à la culture du cheat code. A commencer par le géant Rockstar qui en propose encore sur ses jeux (GTA, Read Dead Redemption…), parmi les plus vendus au monde.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business