Non, jouer à Microsoft Flight Simulator ne fera pas de vous un pilote d’avion

Les avions fascinent. Lutter contre la gravité, parcourir les airs, se déplacer à très grande vitesse: chacun entretient un rapport - parfois très personnel - avec ces engins de métal. Mais chez certains, l’aéronautique parvient à déployer une attractivité hypnotique, les plongeant dans une passion débordante.
Alors en août 2020, lorsque le studio bordelais Asobo dévoile le jeu vidéo Microsoft Flight Simulator, beaucoup se sont laissés tenter. Après tout, un vent d’évasion ne pouvait que satisfaire les joueurs pendant le confinement liée à la pandémie de Covid-19.
Piloter réellement un avion
Parmi les milliers de joueurs à avoir sauté le pas, Daniel Oberhaus fait partie des plus accros. D’abord disponible sur PC, puis sur Xbox un peu plus d’un an après, les premières parties se font naturellement à l’aide d’un clavier et d’une souris ou encore d’une manette. Mais très vite, le besoin de passer à l’étape supérieur devient pressante pour éviter "une expérience appauvrie", raconte-t-il dans le média américain The Verge.
"Vous manquez une grande partie de ce qui rend le titre si génial: la physique réaliste, les panneaux de commande de vol parfaitement reproduits et, peut-être le plus important, le sentiment que vous pilotez réellement un avion", décrit cet écrivain scientifique.

Le minimum selon lui, c’est le levier de commande, le module d’accélération et des pédales de direction. Comme dans tout domaine de passionnés, ces équipements affichent des prix plus que variables. Des modèles en plastique à moins de 100 euros aux répliques ultra-réalistes à plus de 500 euros, l’investissement ne tient qu’au niveau de simulation que l’on veut vivre et ressentir.
Tendre vers une véritable expérience
Chaque acquisition ajoute au réalisme. Chez certains adeptes du jeu, il est même possible de retrouver des installations bluffantes, valant plusieurs milliers d’euros. D’autant plus que les mises à jour régulières de Microsoft Flight Simulator invitent à se plonger chaque fois davantage dans le jeu: nouveaux appareils, nouvelles destinations, ajustements des paramètres de simulation. Tout est là pour laisser les passionnés s’immerger dans des sessions plus vraies les unes que les autres.
Pour autant, Daniel Oberhaus a tellement été piqué qu’il n’a pas voulu en rester à la simulation. "L’interface la plus chère et la plus sophistiquée ne peut pas vous emmener bien loin", explique-t-il. Selon lui, un simulateur pourra tendre vers une véritable expérience mais ne l'atteindra jamais.
Obnubilé par la recherche d’une sensation identique au vol réel, l’écrivain scientifique a finalement pris des cours de pilotage. Dans la vraie vie, loin de ses équipements et de ses écrans. Il a alors découvert un autre monde.
"Sentir l’avion est sans doute la compétence la plus importante dans l’apprentissage du pilotage. C’est aussi la seule chose que les simulateurs ne peuvent pas reproduire", constate Daniel Oberhaus.
Maîtriser les bases
Dès ses premières leçons, l’écrivain a été prévenu par son instructeur: il ne devait pas s’attendre à tirer un quelconque avantage de ses heures passées sur Microsoft Flight Simulator. Cet avertissement ne s’est pas concrétisé sur l’aspect théorique. Durant des dizaines d’heures, il faut apprendre à maîtriser la régulation fédérale de l’aviation (l’équivalent du code de la route), les symboles des cartes de l’espace aérien, les communications du contrôle du trafic ou encore la météorologie et les bases de l'aérodynamique.
"Certaines de ces choses peuvent être maîtrisées en passant beaucoup de temps dans un simulateur de vol à domicile", estime Daniel Oberhaus.

Désormais titulaire d’une licence de pilote d’avion monomoteur, l'écrivain assure que son installation domestique l’a pourtant aidé. L’investissement qu’il a engagé dans une interface semi-réaliste lui a permis de maîtriser les bases. Dans le même temps, il ne peut que reconnaître qu’une fois dans un réel cockpit, il s’est senti totalement étranger aux éléments qui l’entouraient.
Mais au-delà de la résistance du manche ou du ressort des palonniers, une sensation lui manquait plus que les autres. L’émotion au moment où les roues de son appareil quittent la piste pour s’envoler dans les airs.