e-sport: dans les pas de l’équipe Vitality au Major Counter-Strike: GO
Des fans en procession depuis le parvis de la Bibliothèque François-Mitterrand (Paris 13e) jusqu’à celui de l’Accor Arena de l’autre côté de la Seine (Paris 12e). Des cris, des chants, des encouragements et des coups de grosse caisse accompagnent la délégation qui s’en va, bon enfant. Ce sont les Golden Hornets, les supporters de l’équipe Vitality qui donnent de la voix pour aller soutenir ses joueurs au Major e-sport Counter-Strike: GO qui se tient à Paris-Bercy. “Ça fait vraiment plaisir, on attend ça depuis longtemps,” confie à Tech&Co Nicolas “SupeRoux” Gronier, président des Golden Hornets.
“Ça fait longtemps que les Français attendent un Major sur Counter-Strike. On a eu de grandes équipes et là, c’est le moment de prouver que le public français va répondre présent.”
Et Nicolas Maurer, le patron de Team Vitality, d’aller dans ce sens: “Pour nos joueurs, ça va être un boost incroyable d’avoir l’énergie des fans. Ça rajoute aussi de la pression, mais ça va créer une énergie positive.” Si dans l’e-sport, le mental est d’une importance capitale, avec des renversements de situation souvent inattendus, il sait le poids d’un public acquis à la cause de l’équipe. “Je suis sûr que les joueurs attendent ce soutien populaire avec impatience. Dans les momentums (moments décisifs, NDLR), ça peut être la petite différence qui se fait au niveau du public face à l'adversaire,” ajoute-t-il.

Un statut de favori à défendre
Ils ont été près de 12.000 supporters à se presser à l’Accor Arena dès jeudi pour voir les huit meilleures équipes sorties des qualifications pour accéder au tableau final du Counter-Strike: Global Offensive Major Championships, titre officiel de la plus prestigieuse compétition e-sport, sur le jeu compétitif sans doute le plus prestigieux de tous. Ils seront sans doute tout autant samedi pour encourager les quatre dernières en lice, dont Vitality, représentant français et l’un des grands favoris du Major.
Car sur le jeu de tir à la première personne de Valve, la formation emmenée par Mathieu “ZywOo” Herbaut, meilleur joueur du monde sur le jeu en 2019 et 2020, a été jusque-là parfaite. Sortie invaincue de la Legends Stage -la phase éliminatoire pour les 16 qualifiés au Major- comme Heroic, puis vainqueur des Britanniques Into The Breach sans laisser de manche en route, ils se savent attendus, encore plus devant leurs supporters venus en nombre. Bercy va bourdonner en noir et jaune, on l’espère jusqu’à dimanche soir, pour encourager les Hornets.
Et pour les joueurs aussi, l’ambiance est capitale. “Je suis pro depuis 11 ans, c’est la première fois qu’il y a un Major en France. Le feeling est fou. C’est juste du kif”, s’enthousiasme Dan “apEX” Madesclaire, capitaine de la Team Vitality.
Préparation sportive de haut niveau
Du kif, l’équipe composée de deux Français (ZywOo et apEX), deux Danois (Peter “dupreeh” Rasmussen et Emil “Magisk” Reif), ainsi que d’un Israélien (Lotan “Spinx” Giladi) espère en prendre. Le staff et les joueurs s’en donnent en tout cas tous les moyens.
“On les prépare comme des sportifs de haut niveau pour une telle compétition”, nous explique Matthieu Péché, ancien médaillé olympique en canoë à Rio en 2016. Il est arrivé il y a près de quatre ans pour devenir le manager général de l’équipe Counter-Strike et a apporté toute son expérience de sportif. “Il faut savoir écouter chaque individu, mais aussi le groupe. C’est un mélange subtil de limites à imposer, de règles à fixer et d’écoute. Là, cela fait 15 jours qu’on est tous ensemble, nuit et jour. Parfois, ça peut être difficile pour certains. Mais ils savent que c’est pour leur bien.”

Si les cinq membres ont pu avoir un temps avec leurs proches à l’issue du quart de finale vendredi, ils se sont vite replongés dans leur bulle pour préparer le prochain match face à Apeks, tombeur de Liquid vendredi (2-0). “On est totalement concentré sur le Major”, renchérit Matthieu Péché. Préparation physique et mentale, l’ancien sportif professionnel ne laisse rien au hasard. Même la soirée d’inauguration de la péniche Vitality qui va accueillir les supporters durant le week-end se fera sans eux pour les laisser à leur concentration.
"CS: GO, c'est un peu à l'américaine"
“D’habitude, on les laisse jouer à d’autres jeux vidéo sur leur temps libre. Là, ils ont interdiction de télécharger d’autres jeux sur leur ordinateur que Counter-Strike. Ils doivent tout passer en revue, les tactiques, les recoins. C’est l'une des plus grandes compétitions de leur vie et la seule en un an”. Et tous se savent aussi en mission.

”Le début a été un peu compliqué, on a eu un peu de stress. On veut aller chercher le titre et on va tout faire pour ça”, note apEX. “J’espère aussi que ce genre d'événement va aider l’e-sport à grandir en France, car c’est vraiment incroyable. On a du retard par rapport à d’autres pays comme les pays scandinaves ou le Brésil”. Et d’encourager le public à venir nombreux à l’Accord Arena: “Venez tous ! CS:GO, c’est un peu à l’américaine. C’est le show et le jeu sur lequel il y a le plus d’émotion”
Car les occasions de revoir un Major en France avec une équipe française ne seront peut-être pas légion. Valve a décidé d’arrêter la compétition sur Counter-Strike: GO. Dès l’an prochain, les joueurs devront se pencher sur la nouvelle mouture du jeu annoncée il y a quelques mois. Certains ont déjà pu commencer à apprivoiser “quelques heures seulement” ce Counter-Strike 2 qui sera dévoilé en juillet. Certains continueront l’aventure, d’autres arrêteront, mais beaucoup devront trouver de nouveaux réflexes. Autant profiter de l’instant présent pour saisir sa chance