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"Ca m'a détruit": la Karmine Corp secouée par de fortes tensions entre Kameto et Prime depuis plusieurs mois

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La Revue XXI évoque des accusations de la part du streamer Kameto concernant l'utilisation de l'argent de la Karmine Corp par son associé, le youtubeur Prime.

Ils n'étaient pas apparus en public depuis des mois... et pour cause. Comme le révèle la Revue XXI dans une enquête publiée le lundi 4 novembre, les deux patrons et associés de la Karmine Corp, les streamers Kameto et Prime, se livrent une véritable guerre en coulisses. Au coeur de la discorde, des divergences stratégiques concernant la célèbre équipe d'esport française, multi-titrée sur League of Legends.

Des tensions dès 2022

Tout commence en 2020, lors de la création du club. Après la signature des statuts de la société, Kameto, de son vrai nom Kamel Kebir, se retrouve président et responsable des aspects sportifs, quand Prime, Amine Mekri, obtient le titre de directeur général, chargé de l’événementiel et des produits dérivés, et notamment des maillots.

A l'époque, les tensions semblent bien loin. Mais c'est en 2022 que les divergences éclatent, après la découverte d'anomalies financières. Selon l'enquête, Prime aurait utilisé l'influence de la structure pour signer des contrats lucratifs avec des entreprises extérieures, au détriment des intérêts du club et surtout, sans prévenir Kameto.

Cet argent aurait ensuite été utilisé à des fins personnelles, d'après l'enquête. La société de Prime aurait ainsi encaissé une avance de 240.000 euros après avoir signé un contrat avec le label Play Two. Toujours selon l'enquête, des "milliers d'euros" auraient également disparu dans les comptes de la Karmine Corp.

Un nouveau dirigeant recruté

Ces pratiques ont, sans surprise, suscité la colère de Kameto. Le streamer aurait alors engagé des procédures pour écarter son associé de la Karmine Corp. Dans un courrier d'avocat, Prime apprend alors sa "révocation".

La lettre pointe l'absence d’explications données par Prime concernant "l’ensemble des opérations de merchandising correspondant à l’exploitation de la marque Karmine Corp", et mentionne notamment le contrat avec Play two. Car, comme le rappelle Kameto dans la lettre, Riot Games, l'éditeur, ne tolère pas que de l'argent soit gagné sur son jeu vidéo, sans son autorisation.

"La confusion créée par monsieur Mekri (dans son intérêt exclusif)" alimente "le soupçon d’une manœuvre volontairement frauduleuse", conclut-il.

La suite de l'histoire ne sera qu'un ping-pong de reproches entre les deux célébrités d'internet. De son côté, prime et ses avocats nient en bloc. Ils assurent n'avoir commis aucun manquement, et reprochent à Kameto son contrat d'exclusivité avec Twitch, "privant ainsi la société Karmine Corp d’une partie des recettes générées qu’elle pourrait percevoir".

Toutefois, toujours selon le média, Prime accepte de réduire son nombre de parts dans la société et s'éloigne du merchandising. Pour apaiser les tensions, Arthur Perticoz, aujourd’hui PDG du club, a été recruté. Sa mission? Créer un lien entre les deux associés et lever des fonds pour financer l'organisation, qui vient d'entrer dans la LEC, une presitigieuse compétition d'esport franchisée sur le modèle de la NBA, et qui implique un investissement de 25 millions d'euros.

"Ca te ronge un peu plus chaque jour"

Les deux intéressés ont depuis réagi sur leurs chaînes Twitch respectives. Kameto a reconnu avoir connu des moments très difficiles et avoir perdu sa joie de vivre.

"Ca m'a détruit (...) Quand pendant des années, tu ne peux pas dire ce que tu as sur le cœur, ça te ronge, un peu plus chaque jour", lance-t-il en direct sur Twitch.

Pour protéger son club, le streamer a préféré ne rien faire fuiter. "J'ai toujours tout gardé car pour moi, ce genre d'histoires, ça fait mal au club. Et le club, c'est le plus important pour moi", ajoute-t-il, tout en admettant que l'enquête de la Revue XXI lui permet d'enfin aborder le sujet en public.

De son côté, Prime ni les faits qui lui sont reprochés, et notamment le fait de s'être enrichi au détriment de la Karmin Corp. Il explique s'être senti mis à l'écart dès la création du club et affirme que toutes les erreurs commises ont été faites uniquement sur sa société, et pas celle de la Karmine Corp. Le streamer a également expliqué avoir subi du chantage. "Depuis le début de KC, j’ai fait face à du harcèlement", précise-t-il.

Contactée par Tech&Co, la Karmine Corp n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet. L'entreprise a en revanche confirmé des "désaccords" à la Revue XXI, et précise que l'affaire a été "réglée en interne depuis un an et demi".

Les deux créateurs de contenus devraient se retrouver, dans un contexte tendu, donc, ce samedi 9 novembre à Paris la Defense Arena pour la quatrième édition de la Karmine Corp Experience (KCX). Les deux personnalités ont confirmé leur présence.

Salomé Ferraris