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Twitter, Facebook: pourquoi les abonnements payants pourraient devenir un casse-tête électoral

En associant un gain de visibilité en échange du paiement d’un forfait mensuel, les réseaux sociaux font de leurs utilisateurs des annonceurs. Avec des conséquences loin d’être anodines, du point de vue démocratique.

Les candidats aux prochaines élections locales comme nationales seront-ils privés de Twitter Blue et Meta Verified? Ces deux offres, proposées par Twitter et Facebook (ainsi qu’Instagram), ont récemment été lancées ou sont en cours de test au sein des plateformes d’Elon Musk et Mark Zuckerberg. En plus du très convoité badge de certification, les internautes déboursant une dizaine d’euros par mois auront droit à un traitement privilégié par l’algorithme de recommandation.

Gain de visibilité

Dans son communiqué de presse, Facebook vante ainsi un "gain en visibilité", tandis que Twitter promet d’accorder la "priorité" aux tweets des abonnés dans les conversations. Dans les faits, un tel fonctionnement pourrait être assimilable à de la publicité. Une conséquence loin d’être anodine, en matière de respect des règles électorales.

Comme le rappelle le député Renaissance Eric Bothorel, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), chargée de contrôler la bonne application des règles électorales, rappelle dans sa doctrine que la diffusion de publicité sur les réseaux sociaux est interdite à l’approche d’un scrutin.

Cette règle s’appuie en effet sur l’article L52-1 du code électoral qui rappelle que "pendant les six mois précédant le premier jour du mois d'une élection et jusqu'à la date du tour de scrutin où celle-ci est acquise, l'utilisation à des fins de propagande électorale de tout procédé de publicité commerciale par la voie de la presse ou par tout moyen de communication audiovisuelle est interdite".

Vérification complexe

"Je ne vois pas pourquoi les nouveaux abonnements échapperaient à cette qualification (de publicité en ligne, ndlr), dès lors qu’ils permettent d’améliorer la visibilité des publications des candidats" tranche de son côté Philippe Bluteau, avocat en enseignant en droit électoral, à Tech&Co.

Interrogée à ce sujet, la CNCCFP n’a pour l’heure pas répondu. Mais si l’autorité indépendante privait les candidats aux diverses élections de l’accès aux abonnements Facebook et Twitter, le contrôle pourrait s’avérer bien complexe.

Sur Twitter, aucun élément ne permet de dire avec certitude si un internaute est abonné à l’offre Twitter Blue, du moins si ce dernier était déjà certifié par le passé. En effet, dès lors que le précieux badge bleu avait été octroyé selon les anciennes règles, la plateforme ne précise pas qu’il est associé à un compte Twitter Blue.

La règle est différente pour ceux qui ont obtenu leur certification en payant: lorsqu’un internaute clique sur le badge bleu, un message précisant qu’il est lié à un compte Twitter Blue s’affiche alors.

Si la CNCCFP venait à intégrer l’interdiction des abonnements payants des réseaux sociaux à ses directives électorales, il lui faudrait donc compter sur de nouveaux outils de transparence des plateformes américaines pour faire respecter les règles.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Chef de service BFM tech