Manifestation, rave party: en un mois, les autorités ont autorisé 50 opérations de surveillance par drone

Depuis la parution le 19 avril du décret qui autorise l’usage de drones par les policiers et gendarmes, plus de 50 opérations ont été approuvées, révèle un décompte du Monde. Ce mardi 16 mai, plusieurs associations attaquent ce texte devant le Conseil d’Etat.
Sommet Choose France, manifestations contre la réforme des retraites et du 1er mai, visite d'Elisabeth Borne, Festival de Cannes, finale de la Coupe de France de football, rodéos urbains ou rave parties... Le recours à cet outil de surveillance aérienne a été approuvé pour des évènements auxquels on pourrait s’attendre - ce qui n'exclut pas que leur utilisation soit contestée, mais aussi dans des cas plus surprenants.
Un anniversaire sous surveillance
La préfecture de Loire-Atlantique a par exemple autorisé la surveillance de l’anniversaire du magasin de motos d’un Youtubeur aux 1,4 million d’abonnés, Lucien Cupif, connu sous le nom de La Boiserie, à Sautron, près de Nantes, note le quotidien. Tout cela pour un barbecue, un mini concert, des essais de motos et quelques stands.
"Lors d’un évènement similaire organisé à Saint-Cyr-sur-Loire, la présence de ce Youtubeur avait engendré une affluence de plus de 300 personnes, provoquant des troubles à l’ordre public (envahissement de la voie publique, runs sauvages)", justifie la gendarmerie dans l’arrêté pris le 6 mai.
A l’époque, la presse locale titrait pourtant sur des nuisances mineures: "des ralentissements" qui ont "quelque peu perturbé la circulation" un samedi après-midi.
Le Monde cite aussi l’exemple des manifestations pour protester contre l’élargissement d’une zone commerciale sur des terres agricoles près de Die, dans la Drôme. Tous les dimanches, des habitants se réunissaient sur le futur lieu des travaux. Cela a suffit pour déclencher le déploiement d’un drône, qui ne décollera finalement pas au vu du faible nombre de participants, quelques dizaines.
Des arrêtés préfectoraux attaqués en justice
Certaines autorisations concernent des usages prolongés, comme celle accordée le 29 avril par la préfecture d’Eure-et-Loir pour le survol par drone de quatre communes (Mainvilliers, Lucé, Chartres et Dreux) pour une durée de trois mois. Plusieurs associations ont depuis attaqué l’arrêté en justice.
Des décisions de justice ont déjà été rendues pour statuer sur le recours aux drones. Début mai, le tribunal administratif de Rouen a ainsi suspendu l’arrêté préfectoral autorisant l’utilisation de deux drones pour surveiller le festival "Des bâtons dans les routes" à Léry, dans l’Eure.
Mais à Bordeaux, un syndicat n’a pas pu annuler devant le tribunal le survol de la manifestation du 9 mai. Des recours parfois compliqués par des délais impossibles, les arrêtés étant parfois pris le jour-même, fait remarquer Le Monde, comme lors de la visite du président Emmanuel Macron à Dijon le 3 mai ou dans le Nord 12 mai.