Yoplait va passer sous pavillon américain, Paris vigilant

Le groupe Yoplait va passer sous le contrôle de l'américain General Mills, mais le géant de l'agroalimentaire s'est engagé à maintenir en France le siège social et les usines du numéro deux mondial des produits laitiers frais. /Photo prise le 18 mars 2011 - -
par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) - Le groupe Yoplait va passer sous le contrôle de l'américain General Mills, mais le géant de l'agroalimentaire s'est engagé à maintenir en France le siège social et les usines du numéro deux mondial des produits laitiers frais.
Dans un communiqué publié vendredi, les ministres français de l'Economie et de l'Agriculture ont souligné que le gouvernement veillerait à ce que les emplois ainsi que l'avenir de la filière laitière en France soient préservés.
La marque à la fleur est déjà leader du yaourt aux États-Unis, où elle est commercialisée par General Mills dans le cadre d'un accord de licence remontant à 1977. En France, elle est connue pour les produits Calin, Petits filous ou Yop.
Le fonds de capital-investissement PAI Partners, dont General Mills va racheter les parts, s'est employé à rassurer sur les conséquences du passage de Yoplait sous pavillon américain.
"On ne voulait pas que Yoplait soit dilué dans un groupe international", a souligné un porte-parole du fonds.
Il a précisé que General Mills s'était engagé à conserver dans l'Hexagone la Recherche & Développement, le siège social et les usines que le groupe compte actuellement en France. Le management sera également maintenu.
Dans un communiqué commun, Christine Lagarde et Bruno Le Maire ont souligné que le gouvernement français "sera(it) particulièrement attentif à la mise en place par les actionnaires d'un plan industriel de développement favorable à l'emploi, à l'innovation et aux producteurs de lait".
Le sixième groupe agro-alimentaire mondial prendra à la place de PAI le contrôle opérationnel de Yoplait mais General Mills accorde à la coopérative laitière Sodiaal, qui détient le solde de 50% du capital de Yoplait, un droit de regard sur la conduite de la société, a précisé le porte-parole de PAI.
UNE MARQUE CONVOITÉE
"L'offre ferme de General Mills prévoit le contrôle majoritaire de la société opérationnelle et une participation de 50% dans l'entité détenant la marque Yoplait et les marques associées", a annoncé le groupe américain dans un communiqué.
"Conformément à l'accord proposé, General Mills a accompagnera Sodiaal dans le développement et la croissance de la marque Yoplait et de ses activités en France, en Europe et dans le reste du monde", a-t-il ajouté.
Yoplait dispose de deux sources de revenus: les produits laitiers qu'il fabrique dans ses usines (entité opérationnelle) et les royalties qu'il touche auprès de ses franchisés (entité marques).
PAI et Sodiaal détenaient conjointement la société depuis 2002 et la mise en vente des parts du fonds de capital-investissement PAI avait suscité pas moins de neuf marques d'intérêt.
Outre General Mills, six autres postulants étaient sur les rangs: le suisse Nestlé, le français Bel, le mexicain Lala, le fonds Axa Private Equity, le groupe lavallois Lactalis et le chinois Bright Food.
La participation de 50% de PAI sera cédée sur la base d'une valorisation de 1,6 milliard d'euros pour 100% du capital, soit environ 800 millions.
Le Fonds stratégique d'investissement (FSI) s'était déclaré prêt quant à lui à prendre une participation dans Yoplait pour accompagner son développement.
"C'est bien évidemment un dossier que nous regardons et nous sommes prêts à accompagner toute solution industrielle", a déclaré cette semaine Jean-Yves Gilet, le directeur général du FSI lors d'une conférence de presse. "C'est un fleuron français qui mérite notre attention".
Le FSI avait toutefois fait savoir qu'il n'avait pas déposé d'offre pour racheter les parts de PAI.
Le fonds, détenu à 51% par la Caisse des dépôts (CDC), a investi l'an dernier 1,7 milliard d'euros dans des entreprises françaises.
PAI, Sodiaal et General Mills ont fait savoir que la procédure d'information et de consultation des représentants des salariés de Yoplait allait être maintenant lancée. Aucun d'entre eux n'a toutefois donné d'élément de calendrier sur le bouclage de la transaction.
Avec la contribution de Gwénaelle Barzic, édité par Jean-Michel Bélot